Ceux parmi vous qui connaissent le personnage, notamment à travers les comics qui lui sont consacrés, savent qu'Emily the Strange et son univers sont particulièrement sombres et décalés. Strangerous ne fera pas exception à la règle et figurera la jeune fille plus gothique que jamais proposant, un peu à l'instar d'un MadWorld, une palette de couleur oscillant entre le noir et le blanc avec des touches de rouge. En résulte une atmosphère assez pesante qui justifiera à elle seule l'interdiction aux moins de 12 ans du soft. Le tout s'avère esthétiquement réussi bien que la lisibilité ne soit pas toujours optimale. Cependant, cette ambiance contraste assez nettement avec le scénario, puisque celui-ci vous plongera dans le monde de l'étrange où vous vivrez le kidnapping des chats de notre pauvre petite héroïne qui devra alors résoudre une série de puzzles et casse-tête afin de les retrouver et de traquer la fripouille qui a commis cette atrocité. Si l'on rencontrera dans notre quête quelques créatures peu orthodoxes comme le poisson mutant ou le singe vaudou, le tout reste très naïf et infantile. A noter par ailleurs que la bande-son se veut elle aussi oppressante, mais est particulièrement ratée puisque les différents samples choisis sont plus insupportables les uns que les autres, il vaudra donc mieux couper simplement le son de votre console.

Du côté du gameplay, le soft est entièrement dirigeable au stylet. On visite de nombreux endroits allant de la chambre d'Emily à une fête foraine en passant par une école et il vous suffira de pointer avec votre stylet le lieu où vous voulez déplacer votre héroïne. Il vous faudra alors cliquer au bon endroit pour accéder à des mini-jeux qui sont en réalité le cœur du jeu. En effet, à l'instar d'un Professeur Layton, votre enquête avancera à mesure que vous résolvez les différents puzzles. Ceux-ci peuvent être par exemple un tangram, un labyrinthe, des points à relier, etc. On reste dans le classique mais le tout s'avère plutôt sympathique. Le problème est que l'on aura que 60 énigmes à résoudre ce qui fait assez peu pour le genre. Vous pouvez cependant compter sur la possibilité de refaire n'importe quel mini-jeu quand bon vous semble et de collectionner des stickers. Ce qui va réellement booster la durée de vie du soft, est sa difficulté. Malheureusement, celle-ci ne tient pas forcément aux jeux en eux-mêmes mais aux consignes et explications un peu confuses. De plus, le challenge n'est absolument pas progressif et il sera courant de rester bloqué sur un tableau avant d'en enchaîner dix autres très facilement. Heureusement vous disposerez de quelques indices qui vous mettront sur la voie, néanmoins en dehors des puzzles, vous serez lâché en pleine nature sans savoir quoi faire.

Cependant au fur et à mesure que l'aventure progresse, vous libérerez vos chats qui vous apporteront alors quelques bonus non négligeables. Ainsi, Mystery pourra vous indiquer dans quel lieu se situe la prochaine action à effectuer mais vous vous retrouverez tout de même de nombreuses fois sans savoir où aller puisque votre fidèle compagnon s'avérera souvent défectueux. Vous risquez d'autant plus d'être bloqué que la relation entre le scénario et l'aventure n'est pas toujours évidente. A noter que vos minous, dans leur grande bonté, réclameront des friandises pour chaque aide accordée. Il vous faudra donc régulièrement faire des allers-retours vers la fête foraine afin de réaliser divers mini-jeux qui vous feront gagner les précieuses gourmandises. Cela met en évidence ce qui sera à la fois une qualité et un défaut du titre : la liberté de mouvements. En effet, chacun peut progresser comme bon lui semble et il n'y a pas d'ordre prédéfini dans lequel réaliser les puzzles. S'en dégage une sensation de liberté plutôt agréable, mais cela impose également de nombreuses pérégrinations inutiles et agaçantes contribuant grandement à perdre le joueur de temps en temps. Au final ce Emily the Strange Strangerous contrebalancera quasiment tous ses points forts par des défauts plus ou moins gênants. En résulte un jeu sympathique mais qui ne devrait pas rester dans les mémoires.