En règle générale, le genre visual novel se situe à mi-chemin entre le jeu vidéo et le roman, en proposant aux joueurs quelques interactions au fil de leur lecture. C'est toutefois le texte qui reste toujours le plus important et ici, il est même plus que central puisqu'à part faire défiler le texte, on ne peut interagir avec rien. Pour faire simple, on pourrait classifier Le Sanglot des Cigales de livre interactif. La lecture s'accompagne ainsi de musiques et surtout de dessins permettant d'être totalement plongé dans le contexte. Avant d'entrer dans le vif du sujet, signalons que l'on doit la traduction française à un passionné (Pierre Bancov pour ne pas le citer) sous la bannière Saffran Prod. Seul dans ce projet insensé, il lui aura fallu plusieurs années avant de terminer intégralement la traduction du Sanglot des Cigales. Chapeau bas donc pour cette initiative permettant d'apporter aux joueurs français l'un des visual novels les plus populaires du Japon.

Comme beaucoup d'autres jeux de ce genre, Le Sanglot des Cigales est divisé en plusieurs arcs. Cela signifie que chaque tome du jeu vous fera vivre une histoire différente tout en gardant le même contexte. Ne soyez donc pas déstabilisé de revoir certains personnages que vous pensiez par exemple morts dans un autre tome, c'est tout à fait normal et cela fait partie de l'intrigue. D'ailleurs, ne vous fiez pas à la jaquette qui peut paraître enfantine, l'histoire l'est beaucoup moins. Si on a bien droit à une introduction sympathique de la vie de tous les jours, Le Sanglot des Cigales bascule rapidement dans l'angoisse et la peur. C'est aussi une des particularités de ce jeu, qui propose un mélange d'univers mignon et cruel. Tous les éléments sont réunis pour vous donner un véritable malaise, ce qui n'est généralement pas facile à obtenir !

Ceux ayant déjà pu jeter un œil sur l'adaptation en animé nommée "Hinamizawa : Le village maudit" peuvent avoir une petite idée de ce qui les attend. L'histoire se déroule en 1983 et vous place dans la peau de Maebara Keiichi, jeune étudiant japonais qui vient d'emménager dans le village d'Hinamizawa. Se joignent rapidement à lui ses camarades de classe Rena, Mion, Rika et Satoko qui semblent à première vue tout à fait normaux. Que nenni, tous cachent en eux un profond secret lié à la "fête du coton" qui se déroule chaque année à Hinamizawa. En effet, durant la nuit de cette fête, un villageois meurt et un autre disparaît. Keiichi va donc enquêter et essayer d'en apprendre plus sur les origines de ces faits, se méfiant même de ses amis. En fait, on progresse en observant ce qu'il se passe, mais rien ne nous est imposé, on peut donc se faire une opinion personnelle sur la cause de ces incidents. Malédiction ou complot des hauts placés du village ? C'est selon vous.

Autre point très important : les bruitages et les musiques chargés de créer l'ambiance glauque du jeu. Dans les passages les plus angoissants, la musique saura vous donner la chair de poule ! Des cris de cigales aux craquements de portes, le ton est vraiment bien rendu. Difficile de ne pas se sentir mal à l'aise avec tout cela réuni. Pour parler des graphismes, c'est plutôt joli pour un projet amateur. Certains trouveront les dessins trop imprécis, mais force est de constater que les expressions faciales sont bien rendues et les décors assez variés. Petit détail qui a tout de même son importance, les textes se lisent facilement et on a même la possibilité de revenir en arrière si on a mal compris quelque chose. Enfin, il est fortement conseillé de mettre le jeu en plein écran pour en profiter à fond.

Que l'on accroche ou pas au concept, Le Sanglot des Cigales permet de rendre plus accessible ce type de jeux dans nos contrées. Finalement, le travail de traduction accompli est tout juste remarquable et on ne peut que se réjouir d'une telle initiative ! Voilà donc un très bon visual novel qui pourra vous permettre de découvrir le genre. Il serait dommage de passer à côté.