Pratiquement tout le monde s'est un jour ou l'autre demandé à quoi pourrait bien ressembler un cocktail entre Les Simpson, Monkey Island, Les Zinzins de l'espace et Chérie, j'ai rétréci les gosses. Si tel n'est pas votre cas rien ne vous empêche pour autant de jeter un oeil à Down In The Dumps. Ce point'n click sorti en 1996 est dans la veine de tous les titres déjantés du genre : ici on parle d'extraterrestres, de bandits extraterrestres, de roue de la fortune extraterrestre, ou encore d'un chien jaune à trompe qui avance avec un bruit de clochette, lui aussi extraterrestre. Attention, il va falloir s'accrocher.
La famille Blub a beau être une famille de l'espace intersidéral, elle a des préoccupations qui nous sont tout à fait familières. Par exemple tous les ans, monsieur et madame Blub, accompagnés de leur fils, leur fille, ainsi que papy, mamie, et Stinkie, l'animal de compagnie, partent sur les routes destination les vacances ! Seulement, l'absence de bitume sur l'autoroute du cosmos ne prévient pas tous les risques d'accidents. Lorsqu'un gang de malfrats en pleine fuite grille la priorité à ce cher monsieur Blub, la collision est inévitable. Bien entendu les deux vaisseaux, endommagés, ne trouvent alors rien de mieux que de s'écraser sur notre bonne vieille planète. Néanmoins, si nous sommes proches de ces êtres au niveau des loisirs et des vices, nous leur ressemblons beaucoup moins en ce qui concerne la taille car, un Blub, ça ne dépasse pas les deux centimètres.
Sachant qu'il aurait été beaucoup trop facile de s'écraser en plein milieu de l'ambassade des extraterrestres, les scénaristes ont préféré l'hostilité d'une décharge publique. Les personnages évoluent donc au milieu de monceaux de détritus tout au long du jeu, rappelant au passage l'épopée des enfants de Chérie, j'ai rétréci les gosses, sauf qu'ici, il ne s'agit en aucun cas de traverser le jardin mais de retourner sur sa planète d'origine. Et compte tenu de l'état pitoyable du vaisseau spatial de la famille Blub, la tâche va s'avérer ardue. L'idée est donc de retrouver des pièces du vaisseau éparpillées dans les différents univers de la décharge. L'aventure se déroule en quatre parties (ainsi qu'un épilogue) appelées « toons » dans les menus du jeu qui mettent chacune en scène un membre différent de la famille Blub, un univers de la décharge et le plus souvent un morceau de vaisseau à récupérer. Cinématiques d'introduction et de conclusion viennent ponctuer l'aventure à chaque toon.
Au niveau des personnages on a le père, alcoolique et mordu d'holotélévision, la mère, qui s'acquitte de ses devoirs de femme au foyer, le fils, enfant rebelle accompagné de son fidèle ami à quatre pattes, la fille, et les deux grands-parents. Si le parallèle avec les Simpson est une évidence, dans la réalité la famille Blub est loin d'en être qu'un vulgaire plagiat. A côté de ça nous avons la bande de rebelles dirigée par Khan, une sorte de lézard à la Monstres & Cie, bien décidé à rester sur Terre, avec les Blub (sûrement pour échapper à son malus pour accident responsable). Tout ce beau monde évolue successivement dans les bas fonds de la décharge : la maison des Blub (un bidon de lessive qui s'avère très bien équipé en électroménager et en mobilier), un lac gelé avec sa petite ville de grenouilles : Frogwood (théâtre d'une parodie de Robin des Bois), et enfin la tignasse d'un sans-abri et la société de poux qui y réside. Autant d'univers déjantés qui savent se renouveler aussi bien graphiquement que dans les mécanismes de jeu. Le découpage en « toons » est une structure semblable à des niveaux que l'on termine tour à tour. On peut à ce titre rejouer n'importe quel toon en particulier en le sélectionnant dans le menu principal. Ce dernier est d'ailleurs assez sympathique : il représente le grand-père Blub en train de réparer le vaisseau et au fil de la progression, ce dernier prend forme petit à petit. C'est anecdotique mais motivant pour se creuser la tête sur les énigmes.
De la motivation, il en faut. Les puzzles du jeu sont parfois évidents mais parfois véritablement difficiles. La difficulté est mal dosée il faut bien l'avouer puisqu'il arrive que le jeu se bloque. Par exemple, en accomplissant trop tôt une action qu'il aurait fallu accomplir plus tard, il est possible d'atterrir dans une impasse. De quoi rester coincé des jours entiers avant de reprendre une sauvegarde antérieure. La difficulté des énigmes tient aussi parfois au fait qu'un objet du décor important nous semble anodin. Pour ce qui est de la forme les piliers du genre sont là : objets à ramasser, utiliser et combiner se retrouvent aux côtés de mécanismes un peu plus originaux. Par exemple un passage du jeu consiste à participer et à remporter une édition spatiale de La Roue de la Fortune. Une autre séquence obligera le fils et la fille Blub à coopérer, le joueur pouvant alors "switcher" à loisir entre les commandes de deux personnages. Au final, Down in the Dumps fournit une expérience de jeu classique tout en parvenant à se renouveler et surprendre le joueur.
- Graphismes16/20
Le style cartoon dans les contours grossiers et les animations séduisent d'emblée. Tout y compris les personnages se tord et se déforme. Même s'il faut évoluer dans des décors globalement fixes, chaque changement de scène s'accompagne d'une vidéo de transition (désactivable pour gagner du temps). On regrettera toutefois un manque de lisibilité dans l'interface ou encore des cinématiques un peu confuses.
- Jouabilité15/20
Des idées qui ont fait leurs preuves dans d'autres point'n click font toujours mouche dans Down in the Dumps. Entre puzzles à résoudre avec les dialogues, phases de coopération où l'on dirige deux personnages, ou simplement recherche et utilisation d'objets, les classiques du genre sont là. Carton jaune en ce qui concerne la difficulté mal dosée et surtout la possibilité de déboucher dans une impasse. Bon point cependant en ce qui concerne l'interaction poussée avec l'environnement et les quelques scènes annexes à découvrir.
- Durée de vie16/20
C'est un point'n click d'une durée de vie classique pour le genre qui dépend des capacités du joueur, de sa chance parfois, et surtout du fait d'avoir ou non traversé le jeu avant. Globalement, une partie tient en haleine un bon moment mais au prix de quelques blocages frustrants.
- Bande son15/20
Vraiment rien d'exceptionnel dans les musiques ou les bruitages. Les voix françaises quant à elles sont variées et bien déjantées comme l'exige l'univers du jeu. Entre le présentateur télé, le génie ou le pou hippie, le panel est plutôt riche. Malheureusement, trop nombreuses sont les désynchronisations avec l'image. Les bruitages propres aux cartoons sont quant à eux omniprésents et contribuent à placer Down in the Dumps à cheval entre le jeu et le dessin animé.
- Scénario15/20
Ce n'est pas l'histoire en elle-même qui fait la force du jeu mais les petits clins d'oeil disséminés çà et là. Le monde des Blub est rempli de références à la vie quotidienne et la culture populaire. La décharge publique est en effet un point d'entrée privilégié au monde des humains pour ces petits hommes, pas tous verts, échoués sur notre planète.
Down in the Dumps est une bonne pioche. Un point'n click hors normes qu'on se plaît à parcourir et qui se laisse savourer malgré quelques imperfections. À consommer vraiment sans modération.