Quand on parle de fantaisie, il est difficile de le faire sans se référer au moins une fois à John Ronald Reuel Tolkien ou plus simplement J.R.R. Tolkien. C’est évident, avec pas moins d’une dizaine de langues construites pour ses œuvres du Seigneur des Anneaux, dont le langage elfique, il a su créer un univers magistral et grandiose. Mais à côté de cet immense nom de la fantaisie, on en trouve d’autres pas moins impressionnants. On pensera ici à Terry Pratchett, qui s’est construit un monde totalement opposé à celui de Tolkien, à savoir absurde et comique. C’est à partir de ses romans que les aventures de Rincevent ont été tirées et c’est en parcourant innocemment le jeu, que nous retrouvons cet humour particulier qui ressemble tant à celui des Monthy Python.
Discworld à l'origine, c'est tout de même un monde particulier. En effet, cet univers circulaire est situé sur la carapace d'une tortue appelée A'tuin, qui voyage dans une dimension inconnue. Le cadre de narration est plutôt décalé pour le coup. L'histoire se déroule dans la grande cité d'Ankh Morpork dirigée par Veterini, peuplée d'étranges et parfois grossiers personnages, tous plus loufoques les uns que les autres. Pour rendre le tout encore plus insolite, il faut compter sur l'incarnation de l'un des plus extravagants avatars de cet univers : Rincevent. Qu'il est bon de contrôler un héros si unique, un tantinet idiot et surtout usurpateur d'identité. Il fait partie intégrante de l'Université invisible, un lieu où se trouvent les mages de la grande cité, mais son potentiel de magie n'excède pas celui d'un moldu d'Harry Potter. Rincevent se place ainsi comme un antihéros dès le départ. Le problème, c'est qu'une sombre affaire a lieu à Ankh Morpork, puisque la ville est menacée par un méchant dragon. C'est évidemment à Rincevent que la tâche de s'en débarrasser va être confiée, et ce n'est pas la meilleure des manières pour se sortir du pétrin.
L'univers se veut très proche de l'œuvre originale, entre la retranscription loufoque des personnages, la création d'Ankh Morpork, très fidèle, et la reprise d'un grand nombre d'éléments provenant des romans. Le casting de doubleur est parfaitement adapté à Discworld, notamment de part la participation d'Eric Idle des Monthy Python. On a ainsi la possibilité de rencontrer l'archichancelier Mustrum Ridculle, le bibliothécaire Orang-Outan qui ne veut plus redevenir humain, le caporal Cecil Wormsbourg Saint-Jean Chicque (oui oui, c'est son nom), qui doit sans cesse prouver qu'il est plus humain qu'animal... Ils sont tous là pour le meilleur et pour le pire, et il vous faut vous armer de patience pour pouvoir retirer la moindre information de tous ces types louches.
L'aventure se veut plutôt classique dans son approche du gameplay, Discworld restant un point & click qui vous permet de récupérer des objets, d'en déplacer, de cliquer sur certains éléments du décor... Si l'on ne parle que de ses mécaniques, il n'apporte pas d'innovation dans le domaine de l'aventure/point & click, mais encore faut-il expliquer ce en quoi il est incontournable. Dès le début de vos péripéties, vous réveillez un bagage qui vous suivra tout au long du voyage et qui vous permettra de ranger tous vos objets. En dehors de cette charmante valise, vous pouvez utiliser tant bien que mal les pouvoirs de Rincevent, mais aussi et surtout vous servir des items afin de parvenir à vos fins. Jusque-là c'est du déjà-vu, sauf que la manière dont les évènements se déroulent donne son charme à sa jouabilité classique. Avouez que s'arranger pour donner la diarrhée à un poissonnier, c'est plutôt fun. Au final, les voyages dans le temps qui permettent de résoudre certains des problèmes avant leur apparition apportent un plus non négligeable pour rendre le gameplay plus profond. L'ambiance générale qui se dégage de Discworld est finalement très bonne. On se laisse vite absorber par l'univers et aussi par la musique très enjouée. Les quelques personnages mythiques des romans sont toujours présents et le tout est agréable à parcourir. Notons tout de même une difficulté des énigmes assez élevée pour rendre ce jeu suffisamment long.
- Graphismes15/20
L'univers est travaillé, coloré et enchanteur. On ne peut pas dire que ce soit du grand art étant donné que beaucoup de productions antérieures ont su présenter bien mieux avant lui, mais la cohérence des lieux visités ainsi que la manière de les parcourir laissent un arrière goût plaisant.
- Jouabilité14/20
Les mécaniques sont ultra classiques et Discworld n’apporte aucune innovation. Cependant, les actions réalisées sont assez fun et l’aventure prenante pour passer du bon temps. Le jeu, qui joue la carte de la sûreté, s’en sort avec les honneurs.
- Durée de vie16/20
Bien que le jeu ne soit composé que de quatre actes, la difficulté élevée permet à Discworld de jouir d’une durée de vie honorable. Le temps à passer pour se sortir de situations invraisemblables est conséquent et certains obstacles seront vraiment difficiles à passer.
- Bande son17/20
La bande-son très travaillée demeure l’un des atouts de Discworld et colle parfaitement à son univers. On retiendra également les fameux doublages, dont celui de Eric Idle, qui permettent de s’attacher à chacun des personnages.
- Scénario15/20
L’histoire propose d’évoluer dans un monde vraiment cohérent, les références aux œuvres de Terry Pratchett sont légion et celles-ci sont respectées. Rincevent le «mage» et tous ses compagnons sont là pour appuyer le scénario loufoque.
Malgré la restitution fidèle de l’univers fantaisiste de l’auteur anglais, on regrettera un manque d’originalité dans l’approche du gameplay de Discworld. Ce qui peut paraître dommage étant donné qu'en marge de ceci, le monde proposé est vraiment intéressant. Quelques innovations dans le domaine auraient été les bienvenues pour rendre le jeu exemplaire.