Quand un magicien cinéphile, un voleur raté et un bourreau stupide partent à l'aventure, cela donne Dungeon Raiders sur DS, un jeu d'action sans prétention qui reprend l'univers et les personnages de Dungeon Party sorti en mai dernier sur PC. Hélas, tout ça manque sacrément de conviction.
Après plusieurs heures passées à jouer à Dungeon Raiders, on se demande quelle mouche a piqué Cyanide. Des jeux opportunistes et dépourvus d'idées, on en a vu passer. Mais on ne s'attendait pas à voir ce sympathique développeur français tomber dans ce travers, d'autant qu'après le joli succès rencontré par Blood Bowl, il n'avait sans doute pas besoin de ça. Quoique... Dungeon Raiders donne tout de même l'impression de vouloir rentabiliser l'univers conçu pour Dungeon Party, le sympathique (et gratuit) jeu de rôle/action en ligne sorti en mai dernier sur PC, dont il constitue en quelque sorte un spin-off.
On y retrouve, pour commencer, le même univers médiéval-fantastique décalé. Sauf que le public visé étant plus jeune, l'humour est différent : particulièrement réussi dans Dungeon Party, il est ici bien moins convaincant. Les références constantes au Seigneur des Anneaux tournent rapidement à vide vu qu'elles sont l'unique ressort d'un scénario aussi épais que du papier à cigarettes. Reste le trio déjanté dont vous devrez guider les pas : Glandalf le magicien cinéphile que vous contrôlez dans le premier monde (les pirates), Luigi le voleur raté qui vient le rejoindre dans le second (le château transylvanien) et enfin Butcho le bourreau un peu bêta qui les accompagne dans le troisième (l'Égypte). Ces joyeux lurons possèdent chacun des compétences spécifiques, mais vous ne pouvez contrôler les trois à la fois : il vous faut switcher entre eux pour utiliser la compétence désirée. Il n'y a donc pas vraiment de collaboration entre les trois, juste un changement obligatoire de personnage à l'occasion de certaines énigmes. Ces dernières ne sont pas toujours des plus simples, et c'est très bien comme ça. Le vrai problème, c'est que le challenge tient davantage à l'imprécision exaspérante des contrôles (tout au stylet) et au système de sauvegarde par checkpoints, qui vous oblige à recommencer plusieurs fois les mêmes sections de niveaux.
Bref, le principe immuable de Dungeon Raiders, qui se résume à parcourir une succession de donjons (5 par monde, soit 15 au total), plonge très vite le joueur dans l'ennui. Dotés d'un style graphique fade et générique, les niveaux sont assez vastes mais désespérément cloisonnés : ils ne favorisent pas l'exploration car le cheminement linéaire et balisé ne vous donne jamais l'occasion de revenir visiter une zone préalablement inaccessible comme dans un Zelda. Ne cherchez pas non plus un quelconque aspect jeu de rôle à vous mettre sous la dent : vos trois personnages acquerront une ou deux capacités supplémentaires au moment où le level design l'exigera, et c'est à peu près tout. Ajoutez à cela des puzzles peu variés, qui consistent invariablement à activer des interrupteurs, quelques pièges vus et revus et des combats mollassons contre des ennemis tout droit sortis de Dungeon Party (Y.M.C.A., le perroquet géant, Dracula etc.) et vous obtenez un jeu profondément inintéressant, qui ne parvient même pas à briller dans ses moments les plus classiques. Et ce n'est pas la présence d'un chronomètre, destiné à titiller la fibre du high score chez les joueurs confirmés, qui parviendra à convaincre ces derniers. Quant aux plus jeunes, ils lâcheront vite l'éponge devant la difficulté artificielle, induite comme on vous le disait par une jouabilité bien trop imprécise.
- Graphismes6/20
Le design cartoon des différents protagonistes, issu de Dungeon Party, sied bien au propos, mais leur modélisation est vraiment sommaire. Les décors sont ternes, fouillis et sans aucune personnalité ; la carte des niveaux est hideuse. Enfin, les collisions sont mal gérées et les petits bugs graphiques sont légion.
- Jouabilité7/20
Dungeon Raiders propose des mécanismes de jeu éculés (éviter des pièges, bouger des caisses pour activer des interrupteurs, tracer des sorts au stylet...), agencés sans aucune imagination. Le challenge est bien présent, mais il impose de se dépêtrer d'une maniabilité tactile très imparfaite, source de trop nombreux échecs.
- Durée de vie8/20
Dungeon Raiders offre entre 7 et 8 heures de jeu. Franchement, vu la redondance du propos et le peu d'intérêt de la progression, vous risquez de décrocher bien avant. Et ce n'est pas la recherche du meilleur temps qui risque de vous motiver davantage vu les soucis de jouabilité.
- Bande son8/20
L'ambiance sonore est à l'image du jeu : générique et décevante. Les bruitages sont juste corrects et les thèmes musicaux peu inspirés.
- Scénario4/20
Le mage Glandalf s'en va libérer ses amis, retenus prisonniers ou asservis par de vils individus. Voilà le pitch de départ de Dungeon Raiders, dont les tentatives d'humour tombent constamment à plat. Pour ne rien arranger, on y trouve régulièrement de vilaines fautes d'orthographe.
Dungeon Raiders a tout du jeu de commande, alimentaire et peu inspiré. Ce sous-Zelda bénéficie de puzzles intéressants et non dénués de challenge, hélas gâchés par une jouabilité tactile très approximative. Pour le reste, sa plastique disgracieuse, son gameplay mou et ennuyeux et sa progression d'une linéarité à mourir ne lui permettent même pas de briller dans ses compartiments les plus classiques. A éviter autant que possible.