Le côté série B d'un jeu vidéo peut tout à fait faire partie intégrante de son charme, si tant est qu'on soit client. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un oeil au succès de la série House of The Dead. Seulement donner dans le genre série B ne se résume pas à pondre un univers 28ème degré à forte valeur mammaire ajouté et laisser de côté tout ce qui est supposé faire d'un jeu... un jeu.
Si Onechanbara : Bikini Samurai Squad a une qualité c'est de laisser le joueur perplexe. En tout cas au début. Tout ça est tellement "gros" qu'on se demande finalement si malgré ses défauts innombrables, il ne s'agit pas d'une forme d'art nouveau. Plus tard, ce sentiment cède rapidement la place à un ennui assez profond, le genre qui vous fait vous réveiller avec une vive douleur au cou et un pad vaguement tenu dans une main. Donnant à fond et volontairement dans le nanar, Onechanbara : Bikini Samurai Squad met en scène trois personnages féminins. Les deux premières sont les frangines Aya et Saki qui luttent contre les zombies à l'aide de leurs katanas bien aiguisés et de leurs tenues déconcertantes car oui, un zombie peut être déconcerté. Aya porte en effet un bikini, dont la surface totale ne suffirait sans doute pas à lui couvrir le nez, auquel elle assortit un boa à plumes du meilleur effet. Saki pour sa part est une adolescente arborant une tenue d'écolière dont la jupe semble avoir été malencontreusement prise dans les marches d'un escalator. Anna, enfin, est une sorte d'agent de police au décolleté profond comme le Grand Canyon et qui délaisse les armes blanches au profit des flingues. Si ces trois portraits vous évoquent des souvenirs, c'est probablement que vous fréquenter trop les strip bars et que vous devriez vous montrer discrets sur la question.
Lors des premières minutes de jeu, il semble tellement énorme qu'on en reste bouche bée. Tranchant du zombie dans tous les sens, on encrasse l'écran d'un sang qui vient recouvrir les donzelles, en particulier Aya qui ne peut même pas l'éponger avec ses fringues et dont la poitrine s'agite accessoirement comme deux ballons gonflés d'eau (désolé pour l'image mais bon, c'est comme ça, c'est comme ça) même lorsqu'elle ne bouge pas. Le tout est joyeusement gore et ridicule au point d'en devenir assez drôle. Malgré la pauvreté du jeu et de ses mécaniques on se retrouve donc à progresser bêtement dans les niveaux, un peu abasourdi et jamais entravé dans notre avancée par des zombies qui sont complètement amorphes et ne représentent aucun danger.
Puis vient l'ennui et la prise de conscience des défauts abominables du titre, en particulier ses mécaniques de jeu complètement larguées et son architecture redondante. Précisons par ailleurs que le manuel fourni dans la boîte se résume à deux pages, une listant les commandes (X pour la frappe, etc.) et l'autre pour l'interface. Vous vous débrouillerez tout seul pour comprendre le reste, notamment les contres. De fait, le gameplay est atrocement pauvre et consiste principalement à enfoncer de manière répétée la touche X. A l'envi, vous pourrez aussi utiliser Y pour mettre un coup de pied et vous amuser à changer de personnage, même si cela ne sert à rien. Saki et Aya se comportent de manière quasiment identique, quant à Anna, ses flingues sont pratiquement inutiles.
Il est toutefois possible d'effectuer des coups spéciaux en maintenant deux touches enfoncées. Le premier ne pose guère de problème et peut-être utilisé à n'importe quel moment, le second en revanche fait intervenir la jauge d'Extase qui se remplit à chaque coup porté et se vide... aussitôt. Fatalement, le plus souvent, le temps qu'on remplisse la jauge il n'y a plus de zombie à portée pour utiliser cette fameuse attaque. Mais il y a mieux. A force de charcler du putréfié, nos deux samourettes sont de plus en plus éclaboussées par leur sang. A terme, cela finira par les faire entrer dans un état de rage décuplant force et vitesse. "Super, un mode Rage" se dit-on. Oui mais l'ennui c'est que cet état fait baisser la jauge de santé et qu'il n'existe qu'un seul moyen d'en sortir : utiliser l'un des trois fragments de statue que l'on peut transporter ou trouver une statue sur pied. Si c'est pas du génie ça. On entre malgré nous dans un état de Rage et si on n'arpente pas le niveau dans tous les sens pour trouver un remède on meurt. Moins gênant mais pas tellement plus malin, il faut régulièrement nettoyer le sang de la lame du sabre afin d'éviter qu'elle ne reste scotchée aux créatures. Et là on a envie de dire : gné ? Et si vous vous posez encore la question : non, ça ne sert à rien.
Voilà pourquoi au final, l'action principale du jeu consiste à appuyer frénétiquement sur X. On pourrait alors au moins compter sur une progression stimulante pour reléguer au second plan ce triste gameplay mais même pas. C'est même en vérité le level design qui sera le premièr élément perturbateur. On a le choix entre des niveaux hyper simples ou d'autres plus tordus mais dans tous les cas on enfile comme les perles une suite logique immuable. On traverse un couloir en écharpant des zombies jusqu'à rejoindre une arène. Ici, une barrière se dresse et on tranche dans le vif pendant un bon quart d'heure jusqu'à ce qu'une clef finisse par se matérialiser. On la prend, on ouvre le porte idoine et on recommence et ainsi de suite, ainsi de suite, ainsi de suite. Et là, on commence à vraiment, mais alors vraiment trouver le temps long. Le fait que les environnements soient terriblement répétitifs et que l'on traverse à plusieurs reprises certains d'entre eux n'arrange rien à l'affaire. Et dans la mesure où les ennemis n'opposent aucune résistance, vous ne trouverez même pas la trace d'un challenge pour stimuler un peu vos mimines.
Honnêtement, en assumant pleinement son mauvais goût comme il le fait, Onechanbara aurait pu se faire une place dans le genre bien particulier du jeu de série B. C'est gore, plein de filles à moitié nues et un peu gourdes et on ne se prend pas la tête. Mais son gameplay et sa réalisation sont si piteux que tout ce qu'il reste, c'est un jeu ennuyeux, redondant et dont l'intérêt justifie assez mal qu'on y engloutisse près de 40€. Il lui manque juste un petit peu de fond.
- Graphismes8/20
Les animations sont tout juste correctes et les environnements font vraiment peine à voir. Par contre, ceux qui cherchent du gore, du vrai avec du sang qui gicle des zombies coupés en deux seront servis.
- Jouabilité5/20
La quasi totalité du jeu se résume à matraquer une touche en utilisant de temps à autre les attaques spéciales. Quant à la construction des niveaux, elle est si linéaire et répétitive que c'en devient insultant.
- Durée de vie10/20
Le niveau de difficulté est pour ainsi dire inexistant et on peut même tout à fait traverser les hordes de zombies sans combattre, à l'exception des arènes fermées. Tout ce qui risque de vous ralentir, ce sont certains niveaux labyrinthiques associés à une carte limite illisible.
- Bande son10/20
L'éditeur a eu la bonne idée de conserver la version originale japonaise (ou n'a pas voulu payer une localisation, on hésite) ce qui ajoute au côté série B. Les musiques sont dans le ton, et là on laissera les amateurs juger de leurs propres oreilles.
- Scénario7/20
Alors il y a du sang funèbre, des gonzesses en sueur aux seins à l'air, des zombies, qu'est-ce qu'il vous faut de plus ? Hein, franchement ? En plus la scène d'intro se passe sous la douche !
Onechanbara : Bikini Samurai Squad laisse perplexe lors des premiers instants. Assumant son aspect nanar cosmique, le jeu parvient à scotcher suffisamment pour qu'on se laisse entraîner dans ce gros n'importe quoi. Mais cet état de choc ne dure qu'un temps et trop vite, cette dérision croule sous le poids d'un gameplay misérable, de mécaniques absurdes et d'une architecture qui prouve à elle seule que les développeurs de Onechanbara ne comptent que sur un bikini et une tenue d'écolière pour vendre leur jeu. C'est un peu léger.