Si tout le monde connaît (ou croit connaître) Batman, une petite salve de précisions ne sera sans doute pas inutile pour aborder le jeu qui nous occupe ici sous les meilleurs auspices. Tout d'abord, sachez que l'Asile d'Arkham dont il est question dans le titre est un endroit très marquant de l'univers dans lequel évolue le défenseur de Gotham City. C'est en effet là que finit la quasi-unanimité de ses ennemis, le Joker en tête. Quand on connaît la ribambelle de secoués qui constitue cet étrange album de famille, quoi de plus normal que de les imaginer dans un hôpital psychiatrique plutôt que dans une prison "traditionnelle" ? Autre chose qu'il faut savoir : "Arkham Asylum" est le titre d'un graphic novel, comics-book de luxe dont l'histoire se tient et édité en marge de la série habituelle. Ce gros succès de librairies outre-Atlantique signé par Grant Morrison au scénario et Dave McKean pour le dessin est paru en 1989. Si vous ne l'avez pas encore fait, nous ne saurions trop vous conseiller de vous le procurer et de le lire, d'autant plus que le jeu n'est pas une adaptation officielle de cette histoire.

Pourtant, les liens entre les scenarii des deux oeuvres apparaissent dès les premiers instants de l'intrigue. Dans les deux cas, le Joker est l'instigateur d'une révolte et d'une prise de pouvoir dans l'établissement psychiatrique. Mais si, dans la BD, Batman devait se décider à entrer pour sauver le personnel soignant et ramener de l'ordre, dans le jeu il est déjà sur place puisque c'est lui qui ramène le pitre criminel. D'ailleurs, ce dernier s'est laissé capturer bien trop facilement au goût du justicier. Comme par hasard, le gang du Joker a été transféré de la prison de Blackgate en partie détruite par un mystérieux incendie criminel. Ce sont essentiellement ces hommes de main qui vont constituer l'opposition à laquelle Batman devra faire face durant tout le jeu.

Si le but final est de mettre un terme à la révolte qui a lieu dans l'enceinte de l'asile et de renvoyer le Joker dans une cellule capitonnée, la progression sera jalonnée de nombreuses échauffourées qui pourront être abordées de différentes manières. Dans le jeu comme dans les BD et les films, Batman est un maître du combat à mains nues. En revanche, totalement dénué de super-pouvoirs, il succombera très rapidement s'il est touché par un tir d'arme à feu. En conséquence, il faudra s'adapter au type d'ennemi qu'on croisera dans les couloirs délabrés de l'asile. Le jeu proposera une gestion des combats aux poings très simple. Seuls deux boutons seront impliqués : l'un pour frapper, l'autre pour contrer. Et, à partir de la position du héros par rapport à son adversaire mais aussi en fonction de la direction qu'on donnera au joystick de la manette, on obtiendra des résultats variables qu'il faudra apprendre à maîtriser. Cela ira du simple direct dans le nez au dévastateur coup de pied retourné en passant par des choses plus exotiques comme le coup du bord de la cape qui déstabilisera la cible quelques fractions de seconde. Les ennemis débarquant en groupes, il faudra enchaîner les victoires afin de faire monter un quotient multiplicateur qui augmentera d'autant les points d'expérience. Car, vous l'aurez compris, Batman : Arkham Asylum proposera également un côté jeu de rôle. Ainsi, de niveau en niveau, on pourra offrir de nouveaux coups et de nouveaux gadgets au "Dark Knight". Il s'agira par exemple d'être capable de mettre KO un adversaire en un coup bien placé ou de le soulever pour le lancer, voire de passer d'un ennemi à l'autre en un clin d'oeil.

De loin en loin, le chemin de Batman croisera celui d'un de ses ennemis attitrés. Par exemple, nous avons pu voir le moment où il doit mettre Zsazs hors d'état de nuire. Pour situer ce personnage, sachez qu'il s'agit d'un tueur en série qui a pour habitude, dès qu'il fait une nouvelle victime, de se tracer au couteau une estafilade sur le corps. Charmant... En l'occurrence, la problématique est la suivante : Zsazs détient un otage qu'il promet d'égorger si qui que ce soit tente d'approcher. Signalons au passage que l'ambiance est bien lourde. Ça ne rigole pas. En tout cas, Batman doit donc trouver un moyen discret d'atteindre Zsazs, ce qui élimine d'emblée une progression au sol. Pour trouver une solution, le héros possède ce que les développeurs ont baptisé le "detective sense". Quand on l'enclenche, l'écran devient bleuté et des fiches indiquent la présence ainsi que l'état de différents éléments importants présents alentours. Ainsi, on peut savoir qui est mort, qui est vivant ou encore où se trouvent des gargouilles disposées très près du plafond de la salle, dans une obscurité presque totale. Avec son batarang muni d'un filin, Batman aura tôt fait de rejoindre ces ornements puis, passant de l'un à l'autre, de parvenir à se placer en hauteur, dans le dos de Zsazs. De là, il s'élance et étend sa cape pour planer jusqu'au criminel qui se ramasse un quintal bien pesé de héros musclé au niveau de la nuque. Inutile de dire qu'il aura bien du mal à s'en remettre... Mission accomplie.

Une autre phase de jeu intéressante à laquelle nous avons pu assister opposait Batman à un quatuor d'hommes armés. Là, pas question de tenter une attaque frontale. L'heure était à la furtivité. En restant dans les hauteurs de la salle, Batman se laisse parfois lentement descendre le long de son filin, la tête en bas. Comme cela, il peut s'emparer d'un adversaire, l'enlever dans les airs et le ligoter en silence et loin du regard de ses collègues. Dans ces moments plutôt tendus baptisés "Prédateur invisible", la musique soulignera la terreur qui, peu à peu, gagnera les adversaires encore debout. De plus, la manette se mettra à vibrer de plus en plus fort au rythme du coeur des tueurs.

En plus d'un contexte parfaitement respecté, nous garderons de cette première vision du jeu la très bonne impression que nous a laissé le rendu graphique. Développé autour du moteur Unreal III, le graphisme est dominé par l'aspect sale, sombre et délabré des locaux de l'asile. Signalons également que les personnages ont été revus et corrigés par l'équipe de conception graphique. Batman, par exemple, inaugurera un costume qui, s'il possède des couleurs assez proches que ce qu'on peut voir dans la BD semble fait d'une matière à la fois souple et résistante qui nous renvoie aux films. Nous pourrions également citer le look d'Harley Quinn, la complice du Joker qui est bien plus sexy et déviante que dans les BD ou les dessins animés qui l'ont vu naître. Et n'oublions pas Killer Croc qui n'avait encore jamais eu un aspect aussi massif et aussi animal. Nous ne l'avons qu'entraperçu lors de la séquence d'introduction du jeu mais on peut déjà parier que le combat qui va opposer ce mastodonte à Batman sera un des grands moments du jeu. Pour résumer, en étant une oeuvre à la fois originale et parfaitement intégrée dans l'univers dont elle se sert, Batman: Arkham Asylum s'annonce comme un jeu sous licence de haut vol. Nous, on a déjà réservé nos billets d'avion pour Gotham City...