C'est clair pour nous depuis longtemps et ça commence à devenir une vérité gravée dans le marbre pour les développeurs : la seule bonne manière d'adapter un film en jeu vidéo n'est pas de tenter de retranscrire le long métrage à la virgule près mais de se servir de son univers pour en faire autre chose. Dont acte avec Le Parrain II que nous prépare Electronic Arts et qui entretiendra des liens à la fois serrés et distendus avec le deuxième film de la trilogie signée Francis Ford Coppola. Le jeu débute par une longue séquence se déroulant à Cuba. Les cinq familles de la pègre américaine sont venues pour se partager le pays. Tout ce petit monde espère bien profiter de la révolution qui s'annonce afin d'installer des activités très rémunératrices... mais pas forcément légales, vous vous en doutez bien. Hélas pour eux, les rebelles ont d'autres idées en tête et tirent sur tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à un Américain. Constatant la débâcle, Michael Corleone doit alors rejoindre l'aéroport de La Havane tandis que ses capos feront tout pour le protéger. Immédiatement, le joueur prend en main celui qu'il dirigera durant tout le jeu, Dominic, un simple porte-flingue qui va vite prendre du galon dès que son boss, un des lieutenants de Michael Corleone, tombera sous les tirs d'un sniper cubain. Dans l'avion qui les ramène vers les Etats-Unis, Michael envisage déjà la suite des évènements et, conscient qu'il va devoir passer beaucoup de temps à répondre à différentes commissions d'enquête sur les activités mafieuses, décide de passer la main le temps nécessaire. Impossible pour lui de nommer son frère Fredo dont il connaît déjà la trahison. Il se tourne donc vers Dominic et lui demande de tenir la boutique en son absence et même d'étendre son empire. Donc, première différence notable avec le précédent volet : le personnage qu'on dirige n'est pas appelé à devenir Don ce qui, au passage, évite de chambouler la mythologie des films.

Dans Le Parrain II, deux principes complémentaires se côtoieront : l'action et la stratégie. En bon chef, Dominic devra souvent montrer l'exemple et conduire ses hommes au combat. Chacun d'entre eux aura sa spécialité : les armes automatiques, les explosifs ou des dons d'infirmier. Si l'assaut sera mené en groupe, c'est Dominic qui portera l'estocade finale en duel aux poings face au tenancier du local visé. A cet instant, il faudra faire preuve de mesure afin d'effrayer suffisamment le propriétaire de droit pour qu'il vous laisse les clés mais sans le tuer. Dominic est une brute, soit, mais une brute pondérée. Et c'est aussi pour cela qu'il faudra trouver ce qui fera craquer votre victime. Tout le monde n'a pas peur des coups. Certains se montreront plus disposés à céder à vos arguments si vous vous en prenez à leur boutique et à ce qu'ils proposent à la vente.

La récupération de ces commerces plus ou moins essentiels (restaurants, garages, usines...) permettra à vos hommes de profiter de divers bonus : gilets pare-balles, voitures blindées, etc. Mais ces avantages disparaîtront immédiatement si les familles adverses reprennent possession de leur local perdu. Il faudra donc protéger tous les bâtiments qui constituent l'empire Corleone en postant des gardes capables de repousser les attaques ou, tout du moins, de retarder l'assaut ennemi suffisamment longtemps pour que vous puissiez intervenir avec vos meilleurs hommes. Et là, on pénétrera dans la partie stratégique du jeu, un aspect qui peut être entièrement géré sur une carte évoluant en temps réel. Précisons également que toutes les tactiques seront envisageables lors des attaques que vous mettrez en place sur les installations appartenant aux familles adverses. En effet, s'il sera toujours possible de mener un assaut frontal, les développeurs ont prévu des portes dérobées permettant d'accéder à chacun des bâtiments visés. C'est un avantage indéniable pour ceux qui préfèrent se la jouer furtif et surprendre leurs ennemis. Mais encore faudra-t-il connaître l'existence de ces passages secrets. Pour cela, une seule solution : entretenir de bonnes relations avec quelques indicateurs qui pourront vous confier ce genre de secret. Par extension, il faudra également découvrir quelques indiscrétions concernant des notables : homme politique, chef de la police, etc. Une fois pris la main dans le sac, ces personnages publics pourront devenir de solides appuis en cas de coup dur avec la justice.

Avec son contenu aussi touffu que libertaire et sa réalisation qui nous a semblé de prime abord très honnête, ce Parrain II a tout pour faire définitivement disparaître de nos mémoires le mauvais souvenir du premier opus. Et, au-delà, il se pourrait fort qu'on tienne là une bonne adaptation parfaitement représentative de ce qu'il faut faire en la matière. Alors désolé pour cette boutade qui prend de plus en plus les allures d'un lieu commun quand on parle de cette franchise mais, pour nous, il est certain que ce prochain Parrain sera "une offre qu'on ne pourra pas refuser".