Qui aurait cru que la gentille console familiale Wii de Nintendo accueillerait un jour un jeu pour doux dingues, aussi défoulant qu'immoral : MadWorld. Que l'on ne s'y trompe pas, avec ses graphismes en noir et blanc avec pour seule autre couleur le rouge du sang, MadWorld est une œuvre d'une violence inouïe et d'une barbarie sans nom. Mais alors que Manhunt nous dérangeait par son côté réaliste avec un contexte similaire à notre quotidien et des armes conventionnelles, MadWorld joue la carte de la démesure outrancière. Tronçonneuse, piques acérées, corps déchiquetés, rien ne nous sera épargné. Dérangeant ? Bizarrement non, pas du tout. Une fois le contrôleur de la Wii en mains, on oublie le côté immoral du titre (tuer un maximum de quidams de manière originale) pour se concentrer sur notre objectif. Parce que zigouiller du lascar, on l'a tous fait des centaines de fois au cours de notre carrière vidéoludique. Mais échafauder des stratagèmes pour les bousiller avec style, il n'y a guère que dans Devil May Cry que l'on avait un tant soit peu abordé le sujet.

Dans MadWorld, vous incarnez Jack, un gros bourrin armé d'un bras tronçonneuse. Au début du jeu, Jack s'engage dans une sorte de reality show façon Running Man où le but est de dézinguer tous les autres concurrents. A l'aide d'une oreillette, son « sponsor » le guide dans les différents niveaux aussi variés que les rues crades d'une banlieue, ou un quartier chinois arborant des décorations folkloriques. De prime abord, le jeu attire par son aspect visuel inédit comparable au traitement d'image de la bande dessinée Sin City de Franck Miller. Puis vient le temps où l'on tombe sous le charme de ses contrôles simples d'accès et jubilatoires. Pour donner un coup, on appuie sur A, pour attraper un mec on maintient cette même touche et on en profite pour lui mettre des coups de boule une fois qu'on le tient bien fermement en agitant le Nunchuk. Pour couronner ce système de jeu, il y a tout un tas de façons différentes d'achever un adversaire. Lorsque votre punching-ball humain est bien amoché, une icône apparaît à l'écran. Le moment est venu d'appuyer sur le bouton Z pour amorcer une décapitation, un arrachage de cœur ou toute autre joyeuseté de cet acabit. Grace à l'accéléromètre et aux capacités de capture gyroscopique de la Wiimote, on est amené à effectuer les déplacements dans l'espace similaires aux actions de ce bon vieux Jack. On écarte donc les bras pour démembrer un ennemi, on fait un mouvement de bas en haut pour le tronçonner de manière idoine, etc...

Si les graphismes nous attirent, et que les commandes nous enchantent, il faut bien avouer que c'est un troisième point qui donne à MadWorld son côté irrésistible, à même de convaincre tous les gamers que nous sommes. Cet élément mystérieux qui nous scotche littéralement à l'écran n'est autre que le bon vieux système du scoring. Popularisé dès les premiers jeux vidéo, et élevé au rang de culte par les shoot'em up, la chasse aux points est un des concepts de base du jeu vidéo les plus addictifs. Dans Madworld, tuer un adversaire vous rapporte 10.000 points. Si vous l'assommez, que vous lui mettez quelques coups de boule et que vous l'envoyez s'embrocher sur un mur de piques, vous en obtiendrez dans les 20.000. Mais ce n'est qu'un début ! Pour faire mumuse avec vos petits camarades de jeu, les niveaux regorgent d'objets variés. Un tonneau, un pneu, des panneaux de signalisation... Autant d'éléments qui vont vous permettre de rendre vos ennemis inoffensifs le temps que vous en finissiez d'autres, et qui feront s'envoler votre compteur de points. Combinés avec les éléments fixes du décor comme la benne à ordures au couvercle guillotine ou les crochets de boucher sur lesquels ont peut littéralement jouer au yoyo avec sa victime, on vous laisse imaginer les scores de folie qui en résulteront. Et puis quand vous en avez marre de traîner ces points sur pattes vers le mur à piques le plus proche, dégainez votre tronçonneuse à l'aide du bouton Z et défoulez-vous en remuant la Wiimote dans tous les sens. Ils l'auront bien cherché après tout.

Cerise sur le gâteau, les épreuves de bain de sang proposent des mini-jeux bien sanglants. On jouera donc au base-ball fléchettes en envoyant des loustics s'éclater contre une cible, ou bien on s'amusera à les jeter sous une presse à piques s'abattant toutes les 15 secondes sur le maximum de zozos. Invariablement introduites par une espèce de macro à la Snoop Doggy Dog, ces séquences de jeu en temps limité seront le seul et unique moyen de remporter des crédits pour continuer votre aventure si jamais vous étiez mis KO. Ce qui, autant vous rassurer à ce sujet, n'est pas près d'arriver tant vous incarnez un personnage à la puissance colossale qui déchiquette, ventile et éparpille façon puzzle le moindre sbire se trouvant à sa portée. Impossible de finir cet aperçu sans vous parler de l'humour omniprésent dans ce titre, qui nous plonge immédiatement dans une ambiance de franche rigolade nous faisant tout de suite oublier que l'on fait subir les pires sévices à des zigotos vaguement humanoïdes. A titre d'exemple, sachez que vous trouverez dans certains niveaux une valise pleine de billets que vous pourrez placer où bon vous semble afin d'attirer tous vos ennemis (vénaux qu'ils sont) à l'endroit voulu. Tant qu'à faire, n'hésitez pas à la placer à côté de cette énorme hélice aiguisée qui tourne à grande vitesse. Le résultat sera à coup sûr à hauteur de vos attentes...

En poussant au score pour débloquer l'accès aux boss et à certaines armes toutes plus fun les unes que les autres (épées, battes de base-ball à clous, etc...), MadWorld revient aux sources du jeu vidéo pour notre plus grand plaisir. Reste à voir ce que donne le titre sur la longueur, mais on peut d'ores et déjà prédire que cet ovni vidéoludique de la Wii va faire parler de lui dans les mois qui viennent.