Avec ce nouvel opus, la série Total War franchit plusieurs caps importants. Au niveau du gameplay, bien sûr, qui se voit enrichi de plusieurs manières ; au niveau technique également, nous y reviendrons plus loin. Mais la première évolution de Empire : Total War, c'est avant tout sa progression naturelle dans la frise chronologique de l'Histoire. Exit l'Antiquité de Rome : TW, adieu le Moyen Age, qu'il soit européen (Medieval : TW) ou oriental (Shogun : TW), bienvenue au XVIIIème siècle ! Ce changement de contexte constitue à lui seul un sérieux atout puisqu'il décuple les possibilités, tant sur le plan géopolitique que dans le domaine technologique. Toutes les grandes puissances de l'époque sont évidemment jouables avec leurs unités et personnages propres, comme toujours fidèles à la réalité historique. Empire : Total War ne se concentre pas uniquement sur l'Europe, mais nous emmène également aux Indes et en Amérique. La guerre ne connaît pas de frontières, la série porte plus que jamais bien son nom !

Cette version preview contenait d'ailleurs un morceau de la campagne pour l'indépendance des Etats-Unis. Sans préliminaires, la partie débute directement par la célèbre bataille de Bunker Hill. Les troupes de la perfide Albion se ruent à l'assaut de la colline où sont assiégés les révolutionnaires américains. Les boulets de canon fusent, faisant des troués dans les rangs de l'infanterie de part et d'autre. Un détachement de cavalerie US charge sabre au clair pour déloger l'artillerie britannique. Balayés, les canonniers survivants tentent de s'échapper, mais les chevaux sont plus rapides et rattrapent sans mal les fuyards pour les exterminer. Pendant ce temps, des Anglais ont atteint le sommet de la colline. Malgré les pertes, ils ont encore le moral et semblent bien décidés à conquérir la position coûte que coûte. Les hommes sont maintenant trop proches pour tirer, un terrible corps-à-corps s'engage alors avec l'infanterie américaine. Un soldat en assomme un autre d'un coup de crosse au visage puis, une fois son adversaire à terre, l'achève en plantant sa baïonnette dans son ventre. L'affrontement est d'une rare intensité. En dix minutes, tout est fini. De nombreux corps gisent au sol. Il faut dire que la bataille impliquait au total plus de 1 800 hommes ! Les puristes pourront toujours ergoter en remarquant que c'est deux fois moins que dans la réalité historique, mais ça reste impressionnant, peu de jeux de stratégie peuvent en dire autant.

Après cette bataille, la partie prend le visage familier d'une carte globale où la stratégie s'exprime désormais en tour par tour. La carte représente la côte est de l'Amérique du Nord, où l'embryon de ce qui deviendra les Etats-Unis vient de conquérir la région de Boston. Autour, les autres provinces sont toujours solidement dominées par la couronne d'Angleterre. Il va donc falloir s'en emparer. D'apparence classique, cet aspect essentiel de la série Total War a en fait subi une refonte. Par exemple, c'en est fini de la centralisation à l'extrême, les régions ont enfin plusieurs villes, même si elles restent organisées autour d'une capitale. Il est possible de construire des bâtiments dans chaque cité. Ils peuvent même être améliorés via des recherches dans le tout nouvel arbre technologique. La politique est également bouleversée. La religion, au coeur du précédent opus, passe au second plan pour laisser la place au gouvernement, seul maître à bord. Avec les Etats-Unis par exemple, la jeune république est gérée par cinq ministres, chacun apportant des bonus dans son domaine de prédilection (finances, justice, armée ou marine). On retrouve quelques grandes figures de l'époque, comme Thomas Jefferson et Benjamin Franklin. Quant à la diplomatie, elle reste plus que jamais d'actualité. Pour s'en sortir face à la puissance britannique, les Américains auront tout intérêt à tisser une alliance avec la France, comme ce fut le cas il y a deux siècles et des poussières.

La principale nouveauté d'Empire : Total War est toutefois à chercher ailleurs : dans les batailles navales. Auparavant, elles étaient résolues automatiquement en fonction des forces en présence, mais cette époque est révolue. Il est enfin possible de jouer les conflits maritimes en temps réel, et The Creative Assembly a vraiment mis le paquet sur cet aspect du gameplay ! Ca tombe bien, cette version preview contenait justement un scénario où cinq navires américains affrontent autant de vaisseaux anglais. Le premier facteur à prendre en compte est évidemment le vent, essentiel pour manoeuvrer les lourds bâtiments de guerre. Le jeu se voulant réaliste, les déplacements sont assez lents, une bonne dose d'anticipation est donc nécessaire pour positionner le flanc en direction d'un ennemi et pouvoir lui envoyer une bordée. Selon l'effet voulu, plusieurs types de munitions sont disponibles : boulets classiques pour endommager la coque, chaînés pour détruire une voile, mitraille pour viser l'équipage. A proximité d'un navire adverse, il est possible de lancer un abordage. On voit alors les hommes envoyer les grappins, jeter des planches entre les deux coques pour assaillir le bateau. Car la prouesse de ces séquences, c'est que tout y est représenté dans les moindres détails, ce qui permet d'admirer le magnifique travail réalisé sur les graphismes. Il faut voir les vergues voler en éclats, le feu se propager dans une voilure, une coque sombrant lentement dans une eau de toute beauté jonchée de marins qui s'agitent désespérément... Bluffant. Vous l'aurez compris, Empire : Total War s'annonce tout simplement comme le paroxysme de la série.

Sega ne nous ayant pas permis de prendre nos propres screenshots, les visuels de cet aperçu proviennent de chez l'éditeur.