A l'occasion de la sortie du film éponyme des Wachowskis, Speed Racer débarque sur PS2 dans une adaptation pour le moins fidèle au long-métrage. Certes, les Christina Ricci, Susan Sarrandon et autre Matthew Fox font défaut à l'image, mais ceci nous rappelle que Speed Racer c'est un manga avant d'être une oeuvre cinématographique. Et contrairement à beaucoup d'adaptations et de titres à licence, Speed Racer ne se moque pas du joueur. C'est déjà ça.
Ceux qui connaissent Speed Racer pourront en priorité louer la fidélité esthétique du soft au manga. Très kitch à l'écran, coloré comme nul autre, Speed Racer se rapproche d'un mélange entre Wipeout Fusion et Burnout. Pourtant, et même s'il ne restera pas dans les annales du jeu de courses, le titre développé par les équipes de Sidhe Interactive se révèle être une bonne surprise. Commençons par le gameplay, qui recèle un certain nombre de bonnes idées. S'il n'y a pas grand chose à redire sur la maniabilité des véhicules, on reviendra surtout sur les multiples mouvements et impulsions que vous pouvez donner à votre guimbarde sémillante. Déportations violentes sur les côtés, sauts pour écraser ses adversaires, attaques en vrille, la panoplie du démolisseur de véhicules est étoffée et très intuitive. Un aspect trop souvent négligé mais assez bien mené ici. De fait, un petit tour par le didacticiel suffit à maîtriser en deux temps trois mouvements l'intégralité des attaques, cruciales au coeur du peloton.
Comme dans tout jeu de courses qui se respecte, l'objectif est de terminer en tête d'un groupe de 8, de 10 ou de 12 pilotes, en fonction du championnat joué. Un nombre restreint de concurrents, si on le compare à la version Wii, qui en propose respectivement 12, 16 et 20. Dommage. Doté d'une IA à la Mario Kart qui ne s'échappe jamais vraiment mais qui ne se laisse jamais distancer non plus (ce qui peut être pénible), Speed Racer est un titre dans lequel on passe la majeure partie du temps à jouer des coudes dans le ventre mou du classement. C'est d'ailleurs durant ces périodes où votre position varie quasiment à chaque seconde qu'il vous est possible de glaner des points précieux. Ceux-ci s'ajouteront aux points remportés en fin de course en fonction de votre position. Pour cela, il suffit simplement d'agresser vos adversaires, de les sortir de la piste à la manière d'un Burnout, de bondir sur leur capot avant et de tout faire en sorte pour les ralentir à l'aide de ces "Car-Fu". Tout ceci en tenant compte du fait que des alliances peuvent être créées avec vos concurrents. Des sortes de pactes de non-agression qui permettent d'ajouter un côté tactique aux courses. Si les acceptations et les propositions d'alliances tournent autour d'un système assez obscur et apparemment très aléatoire, cette option se révèle être très intéressante en fin de championnat, dans la course aux points cruciaux. Par exemple, un "allié" pourra vous être d'une aide salvatrice s'il attaque un "rival" ou votre concurrent direct au championnat.
Un certain nombre d'autres subtilités entrent en compte. Le joueur doit surveiller la jauge de turbo qui fait double emploi et qui se remplit progressivement au fil des hectomètres avalés. A sa convenance, il peut l'utiliser pour booster sa voiture (de un à quatre boosts peuvent être utilisés simultanément) ou pour réparer les dommages subis suite aux attaques adverses. Le souci est que ces attaques ne peuvent être anticipées ou évitées. En réalité, la seule indication dont dispose le joueur est le temps qui le sépare de son poursuivant. Un temps compris entre zéro et une seconde dans 90% des cas. Heureusement, les conséquences de leurs attaques sont peu handicapantes tant que l'on possède suffisamment de santé pour y résister. En revanche, subir une attaque à quelques secondes de la ligne d'arrivée vous enlèvera tout espoir de victoire. Terminons en précisant que le titre pèche un peu au niveau de sa durée de vie puisqu'en solo, vous n'aurez guère besoin de plus de 5 heures pour en faire le tour et débloquer la totalité des pilotes (on en compte 20). Les modes course unique et contre-la-montre ne présentent que peu d'intérêt alors que le multijoueur s'arrête à des affrontements entre deux utilisateurs en écran splitté (avec la possibilité de jouer un championnat à deux). Du coup, le tout devient rapidement répétitif mais pas dénué de challenge pour autant. On ne peut pas tout avoir.
- Graphismes13/20
Souvent flou tout en demeurant fluide et parfaitement lisible, Speed Racer se distingue surtout par les couleurs flashy de ses circuits. L'animation n'a rien de sensationnelle mais l'impression de vitesse est largement au rendez-vous.
- Jouabilité15/20
Peu de griefs de ce côté, la prise en main est immédiate. Il est toujours possible de reprendre en main son véhicule, malgré quelques dérapages parfois involontaires et délicats à gérer. Quoi qu'il en soit, l'IA est calibrée de sorte à ce que l'on ne s'ennuie pas une seconde, avec un petit côté tactique très bien vu.
- Durée de vie10/20
Les plus gourmands resteront sur leur faim tant on fait rapidement le tour du mode solo. Les 20 pilotes se débloquent assez rapidement et les modes annexes et multijoueurs n'apportent pas le petit plus espéré. On regrette l'absence d'un mode de jeu en ligne où 12 joueurs auraient pu s'affronter. Dommage aussi que le jeu n'aie pas un vrai mode histoire.
- Bande son12/20
Les thèmes sont assez kitch mais collent très bien à l'ambiance du jeu et à son rythme effréné. Dans l'action, on a cependant tendance à les oublier, d'autant que les bruitages sont particulièrement sommaires.
- Scénario/
Speed Racer prend à contre-pied les a priori négatifs que peuvent avoir beaucoup de joueurs à l'égard d'une adaptation tirée d'une licence. Fun, très jouable, bien pensé et possédant une véritable personnalité, il s'impose comme une alternative sympathique aux jeux de course futuristes de la machine. Malgré une durée de vie très limite, le prix abordable de Speed Racer peut tenter au point que l'on craque. A condition que l'on aime cet univers "kitcho-furutiste" évidemment.