Tout commence par le choix de notre photographe. Que l'on ait opté pour le français (oui, oui, un gars bien de chez nous) ou pour la petite américaine aux yeux de velours, l'aventure débute dans un camp de base installé en pleine brousse. On y trouve pêle-mêle son partenaire, des caisses de matériel, une carte et bien entendu un ordinateur portable qui nous permet de garder le contact avec la civilisation. C'est d'ailleurs par l'intermédiaire de notre boîte mail que l'on sélectionne les missions que l'on souhaite effectuer. Armé d'un vieil appareil numérique et d'une grossière paire de jumelles, on embarque alors à bord d'un 4X4, de jour comme de nuit, pour se rendre sur les lieux du reportage. Dans un premier temps, un garde-chasse fait office de chauffeur mais par la suite, le joueur a évidemment l'entière liberté d'aller où bon lui semble. A peine met-on le nez dehors que l'on est immédiatement saisi par la beauté du paysage. Sur un écran HD, les graphismes sont même à tomber à la renverse ; le moindre brin d'herbe, le moindre caillou, le moindre nuage, ont été modélisés avec une grâce qui force le respect. Les cinquante espèces animales sont magnifiques et leurs animations sont criantes de réalisme. Les décors dans lesquels elles évoluent sont plutôt variés mais on n'a bizarrement aucune idée du pays où l'on se trouve. Peu importe, on n'est pas là pour faire du tourisme mais bien pour travailler.

N'en déplaise aux amateurs de sensations fortes, la plus grande qualité du photographe animalier c'est la patience. Et de la patience, le joueur devra vraiment en avoir à revendre pour profiter pleinement d'Afrika. Le comportement des animaux sauvages étant fidèle à la réalité, pas question de courir dans leur direction pour les mitrailler avec notre appareil photo. Au contraire, il faut les approcher doucement, faire mine de regarder ailleurs, s'accroupir, se cacher derrière la végétation et puis surtout attendre. Attendre et attendre encore que la bestiole à immortaliser daigne enfin se tourner dans notre direction et s'approcher de nous. Un bon cadrage est essentiel pour tirer un minimum d'argent de nos clichés mais ce n'est pas tout : on doit également tenir compte des objectifs spécifiques de certaines missions. Il faut tantôt surprendre une girafe en train de boire ou un hippopotame en train de bâiller. Parfois, on doit même prendre de véritables risques pour photographier la charge d'un éléphant ou le repas d'une lionne. Il faut dire qu'un safari n'est pas sans danger. Un simple zèbre peut très bien vous assommer d'un coup de sabot bien placé et de fait, votre photographe se réveillera plus d'une fois à l'infirmerie. Pour autant, pas une goutte de sang ne coule dans la savane d'Afrika. Les Japonais étant très pointilleux en matière d'hémoglobine vidéoludique, tous les prédateurs du jeu ont le bon goût de tuer leurs proies très proprement. Par ailleurs, il est impossible de percuter un animal avec son véhicule. Bon, évidemment, le réalisme en prend un coup mais on peut comprendre que des charognes et des mares de sang dans un jeu aussi contemplatif, ça aurait fait un peu tache.

Après chaque sortie, réussie ou pas, notre photographe rentre au camp pour faire le point. Si les photos qu'il ramène lui permettent de remplir une mission, il suffit de les envoyer par mail pour recevoir une somme d'argent en retour. On peut alors éventuellement se payer du matériel plus performant afin de réaliser des clichés toujours plus impressionnants. Certaines missions particulièrement difficiles nous récompensent avec des objets spéciaux. On débloque aussi régulièrement de nouvelles aires de jeu, de nouvelles espèces, et du matériel documentaire signé National Geographic. Mais vu qu'il n'y a pas de scénario à proprement parler pour nous tirer vers l'avant dans Afrika, il vaut mieux adhérer à 100% au concept contemplatif du soft pour ne point lâcher sa manette une fois que la routine s'installe. D'autant que le soft n'est pas exempt de défauts. Nous avons par exemple noté de nombreuses saccades dans les animations des animaux et leurs réactions sont souvent trop prévisibles. La navigation dans notre camp de base n'est pas des plus ergonomique. Notre photographe ne peut pas ramper ou grimper aux arbres. Mais en vérité, le seul défaut inexcusable d'Afrika, c'est en fait son absence de sortie européenne. Pour une fois qu'un jeu vidéo respectait l'environnement au lieu de le détruire et célébrait la vie au lieu de l'anéantir, on aurait vraiment apprécié de pouvoir y mettre la main dessus sans passer par l'import. Peut-être le succès commercial du titre au Japon fera-t-il changer d'avis Sony...