C'est en 1999 que sort dans les salles le premier volet de la saga The Mummy. Film d'horreur fantastique kitsch à souhait, La Momie associe avec brio aventure, épouvante et humour second degré. Le talent de son réalisateur, Stephen Sommers, et la qualité de ses effets spéciaux, ont eu tôt fait de propulser ce simple pop-corn movie au rang de classique du genre. Bien entendu, La Momie eut droit à des adaptations vidéoludiques tout comme l'épisode suivant, le Retour de la Momie, et le spin-off, Le Roi Scorpion. Alors que la version PS2, proposée à petit prix, parvient à convaincre un brin plus que ces prédécesseurs, cette adaptation sur Wii, au demeurant identique sur le contenu, peine terriblement à convaincre. Mais voyons un peu de quoi il en retourne.

Pour ceux qui n'auraient pas encore été voir le film dans les salles obscures, voici un bref aperçu de l'intrigue. La famille O'Connell n'a décidément pas de chance avec les souverains d'un autre temps. La voilà encore une fois aux prises avec une momie, chinoise cette fois-ci, qui n'aspire qu'à une chose, retrouver la source de la vie éternelle pour dominer le monde. Bien entendu, seuls Rick O'Connel et son fils Alex peuvent espérer mettre un terme aux ambitions démoniaques du défunt roi. Bon, avec un pitch pareil, on se doute bien que le contenu du jeu ne risque pas spécialement de provoquer une réflexion profonde et intellectuelle. C'est d'ailleurs peu de le dire puisque vous attendent pêle-mêle furieux gunfights et quelques énigmes qui ne casseraient pas trois pattes à un canard laqué, le tout dans la plus pure tradition des jeux de plates-formes/aventure à la Tomb Raider.

Après une introduction reprenant quelques images du film et des artworks de facture décente, le joueur est lâché dans une grotte pour suivre un gros tutorial d'une bonne demi-heure. C'est là que les choses se gâtent sérieusement. N'allons pas par quatre chemins, le gameplay n'est franchement pas une réussite. Le jeu se jouant intégralement grâce au couple wiimote/nunchuk, les développeurs ont tenté de rendre la chose ergonomique. Le problème, c'est que ça en reste précisément au stade de la tentative. On se déplace avec le stick dans la main gauche tout en distribuant quelques patates et autres cartouches de chevrotine avec la croix directionnelle et les gâchettes de la main droite. Si l'idée, somme toute classique, semble efficace, dans la pratique on a plutôt envie de pleurer.

Commençons par les déplacements : le stick a été mal calibré. S'en suivent des mouvements parfois saccadés et généralement trop brutaux. Une plaie quand il s'agit d'arpenter des corniches étroites où une précision millimétrée est indispensable, ou encore quand il faut se placer bien en face d'un vilain à trucider. De fait, ne vous étonnez pas de mourir de nombreuses fois même au tout début de l'aventure. Heureusement que les checkpoints sont relativement nombreux et que le nombre de vies est illimité, sans quoi j'aurais déjà lancé la wiimote contre l'écran depuis un moment (et après on va encore me dire que je suis un violent...).

Concernant le lock des ennemis, ce n'est pas forcément beaucoup plus probant, même si cette fonctionnalité se révèle rapidement indispensable, vu que la visée automatique répond aux abonnés absents. S'il est effectivement possible de verrouiller une cible se situant à peu près dans notre champ de vision, on est quand même nettement surpris quand le jeu décide que, non, ce n'est pas le soldat à 2m50 de ton nez que tu vas mettre en joue mais le grenadier qui se trouve à 25 kilomètres sur la corniche trois quartiers plus loin. J'exagère un brin mais ces cafouillages sont assez pénibles en pleine mêlée, quand une horde de chinois belliqueux essaie par tous les moyens de vous trouer la paillasse. Tiens parlons-en d'ailleurs des ennemis. Les gunfights sont pleins d'action, c'est entendu. On prend même pas mal de plaisir à évoluer dans ces mini-arènes, le fusil ou la mitraillette à la main, en dégommant tout ce qui bouge. Le souci, c'est que ces phases peinent cruellement à se renouveler. La plupart du temps, vous aurez un certain nombre de vilains qui vous foncent dessus, selon trois modèles : la brute épaisse, le soldat au gun et le grenadier planqué sur les toits ou à l'abri d'une corniche. Grenadier qu'il vaut mieux d'ailleurs s'empresser de dézinguer rapidement sous peine de perdre jusqu'à un quart de sa vie à chaque explosion. Parfois quelques loups aussi. Enfin tout ça pour dire que ce n'est pas la panacée.

L'IA n'est pas très élaborée, mais pour un jeu de ce genre, ce n'est pas forcément rédhibitoire. Malgré quelques roulades à droite à gauche, les soldats en face n'ont manifestement pas appris à tirer et bouger en même temps. A noter tout de même qu'ils ont parfois tendance à ne rien faire, surtout quand on se trouve tout près d'eux. On se prend quand même à se demander ce qui peut bien se passer dans leurs têtes virtuelles pendant ces quelques secondes d'inertie. Combat d'hypnose ? Remise en cause existentielle de son statut de méchant ? Mystère. Remarquez c'est bien pratique pour les éliminer sournoisement. Au rang des griefs, on notera également quelques incohérences du moteur graphique, comme la fumée d'une grenade qui dépasse en partie d'une dalle en béton au-dessus de nous ou encore les ennemis qui sortent parfois de portes fermées, à l'instar du passe-murailles de Marcel Aimé. Enfin le jeu est d'une extrême linéarité. Avancez de corniche en corniche, poussez le bouton, tirez sur la manivelle, décimez les ennemis qui sortent d'on ne sait où et recommencez. Autant de risques de se perdre que dans un couloir.

Alors La Momie : la Tombe de l'Empereur Dragon, à jeter dans les catacombes de Shandri La ? Pas la peine d'aller aussi loin, le titre comporte quand même quelques bons points. Les effets de lumière sont assez réussis et les décors variés, de la ville aux lugubres tombes en passant par des cimes enneigées. Quelques phases de jeu sont également assez sympas, faisant plein usage des fonctionnalités de la wiimote. Je pense entre autres aux scènes où l'on utilise une mitrailleuse automatique en se servant de la manette pour aligner les cibles à l'écran. Le passage où l'on contrôle un yéti mérite également d'être souligné, pour son côté bourrin et bestial, un bon défouloir comme on les aime. Certains passages vous demanderont aussi quelques mouvements des bras, pour actionner une manivelle ou monter le long d'une corde par exemple. Il faudra alors mimer avec la wiimote et/ou le nunchuk les instructions affichées à l'écran. Ca n'apporte pas grand-chose mais c'est rigolo. Hélas, ces quelques idées ne sauvent pas le jeu qui, fort d'un gameplay mal finalisé, relève plus souvent d'une "ciné-cure" qu'autre chose.