A l'instar de la fameuse compétition, Red Bull BC One vous offre la possibilité de suivre l'ascension d'un breaker vers les sommets de son art. Mais avant de partir affronter les meilleurs danseurs de chaque nation, vous devrez tout d'abord créer et customiser votre propre champion. L'éditeur, relativement complet et prêt à accueillir de nouvelles tenues en fonction de vos performances dans le mode carrière, donne clairement le ton : Red Bull BC One ne fait évidemment pas dans le réalisme et choisit de proposer des graphismes psychédéliques aux couleurs flashy. Impossible donc de reproduire fidèlement vos propres traits sur votre danseur par exemple, le jeu se contentant de silhouettes stylisées au look cartoon et aux contours marqués. De fait, il ne vous sera vraiment possible que de définir un style général, une couleur pour la peau et une autre pour les vêtements amples de votre acrobate des temps modernes. Néanmoins, sachez que tout ce que vous aurez choisi en début de partie pourra être modifié à loisir par la suite.

Une fois cette étape franchie, vous vous trouverez fin prêt à faire étalage de votre souplesse et de votre élasticité légendaire. Il conviendra alors de choisir la sauce à laquelle vous souhaiterez être mangé. On passera rapidement sur un didacticiel constitué de quelques écrans fixes et de quelques textes tout plats censés vous enseigner les rudiments de la danse. Vient ensuite le mode libre, qui permet de choisir une arène et une battle spécifiques, histoire de tester ou de parfaire votre art et de faire péter le compteur de points. On profitera également d'une section mini-jeux, une fois qu'on aura débloqué ces derniers en mode libre ou en carrière. Et justement, ce fameux mode carrière constitue bien évidemment le coeur du jeu, puisque c'est là que vous pourrez effectivement défier les b-boys du monde entier. Attention cependant, malgré son statut de jeu officiel, Red Bull BC One ne présente aucun véritable champion de la discipline. Ne comptez donc pas affronter Ronnie ou Lilou, monstres sacrés du tournoi. Il faudra effectivement se satisfaire d'illustres inconnus aux pseudonymes poétiques au possible : Lamuerte, El Loco ou Boris. Chaque duel, puisque c'est bien de ça qu'il s'agit, débute par une pitoyable réplique d'un des deux protagonistes. Une sorte de mise en garde bien mièvre sur ce qui va suivre. En termes d'ambiance, on a déjà vu mieux.

Pour tenter de retranscrire la virtuosité des b-boys et des b-girls en revanche, le titre déploie tout un système de points colorés, qui apparaissent sur l'écran tactile et qui devront être reliés en respectant un certain nombre de principes. Pour effectuer des moves, il s'agira effectivement d'empoigner le stylet afin de relier au moins 3 points de même couleur et de tracer une forme en reliant le dernier point sélectionné au premier, et tout cela avant la fin du temps imparti pour chaque tour (une battle étant constituée de plusieurs tours successifs). Très souvent, il sera possible de créer des moves supplémentaires à l'intérieur des formes déjà tracées. Ainsi, si vous avez déjà relié quatre points rouges, rien ne vous empêche de relier trois autres points à l'intérieur de cette figure. En créant un maximum de formes, vous remporterez des points et parviendrez à vaincre votre adversaire du moment. Des points spéciaux en forme d'étoiles permettent même de gonfler votre score si, sous certaines conditions, vous parvenez à les inclure dans vos figures. Mais prenez garde, si vous ne respectez pas les quelques principes édictés ci-dessus, si par mégarde, vous reliez des points de différentes couleurs ou ne fermez pas votre figure en reliant le dernier point sélectionné au premier, alors vous perdrez l'une des trois "vies" dont vous disposez. Trois erreurs consécutives dans une même battle et c'est la fin. Vous serez alors forcé de recommencer le match.

Le gameplay, relativement simple et qui vous en conviendrez sûrement, apparaît rapidement répétitif, gagne tout de même un tantinet en densité alors que de nouvelles contraintes apparaissent au fil de vos victoires. Ainsi, après quelques parties, il vous sera demandé de créer votre dernier move avant la fin de chaque tour. Si vous n'avez pas encore terminé la forme en cours, vous perdrez immédiatement une vie. Il sera alors nécessaire de faire preuve d'un petit peu plus de précision et de rapidité pour vaincre. Cela dit, le jeu reste tout de même relativement accessible et finit rapidement par lasser. Dans un autre registre, sachez que les battles constitueront également l'occasion de croiser la route des quelques mini-jeux mentionnés précédemment. Ces derniers sont loin de faire dans le haut de gamme et se cantonnent généralement à quelques activités insipides : peindre une silhouette avec une bombe de peinture, suivre les contours en pointillé d'une image de danseur, effectuer un mouvement de rotation avec le stylet pour symboliser une figure, etc. Rien de bien folichon en somme. Ce commentaire de bas étage peut aussi s'appliquer à la présentation du jeu. Car vous l'aurez peut-être remarqué, cela fait un petit moment qu'il n'est plus vraiment question de breakdance dans ces lignes. En fait, chacune des formes que vous parviendrez à dessiner avec le stylet sur l'écran du bas se traduit par une figure ou un pas de danse sur l'écran du haut. Votre champion tente effectivement de s'exécuter, tant bien que mal, mais l'ensemble, qu'on ne prendra vraiment le temps d'observer que lors du replay qui clôture chaque défi, manque clairement de dynamisme. Les animations sont un peu hachées, les transitions sont presque inexistantes, les power moves manquent de force et la descente au sol ne s'avère pas toujours très élégante. Bref, le résultat n'est guère agréable à l'oeil. On ne pourra peut-être pas adresser autant de reproches à la musique, qui comme de coutume dans le genre, donne surtout dans les beats. Loin de se limiter à la ligne de basse et à la ligne de batterie d'une chanson, les 35 pistes audio du jeu restent tout de même un peu inégales.

Bref, Red Bull BC One, malgré ses bonnes idées et un parti pris intéressant, accuse tout de même quelques sérieux défauts. Trop répétitif en dépit de quelques tentatives pour insuffler un peu de vie au concept de base, le titre ne fait pas vraiment honneur aux b-boys et b-girls et à leurs chorégraphies recherchées. Certes, les mouvements du stylet évoquent vaguement les figures audacieuses et les virevoltes des pieds des danseurs, mais en tant que jeu vidéo, Red Bull BC One a tout de même bien du mal à divertir. Le soft, de fait, ne parlera qu'aux fans absolus de la discipline, encore que même ceux-ci risquent d'être déçus par la grande répétitivité du titre et par le manque de finesse dans la retranscription des mouvements des danseurs.