Connu pour l'intérêt qu'il porte aux simulations originales, l'éditeur Anuman nous offre aujourd'hui l'opportunité de nous mettre au volant d'un bus. Si l'idée était louable, le résultat fera hélas bien vite déchanter les curieux.
Traumatisé dans mon enfance par les chauffeurs alcoolisés assurant tant bien que mal le ramassage scolaire de ma commune rurale, j'attendais avec impatience de pouvoir réparer virtuellement mes souvenirs douloureux avec Bus Driver Simulator. Il faut dire que le communiqué de presse vantait les mérites cathartiques du jeu en annonçant sans rire que "Bus Driver Simulator est le produit idéal pour supporter les grèves intempestives qui ne cessent de désorganiser nos journées". Les professionnels des transports apprécieront ! Las, l'expérience de jeu s'est révélée tellement catastrophique que je suis désormais bon pour une psychanalyse. Non seulement Bus Driver Simulator n'a rien d'une simulation mais il transforme aussi et surtout un concept a priori sympathique en véritable torture vidéoludique.
Tout avait pourtant bien commencé. Dès le départ le joueur a en effet le choix entre 12 autocars fidèlement reproduits. Au fur et à mesure de sa progression, il peut débloquer une bonne trentaine de parcours traversant les quartiers d'une ville immense. Au programme : visite touristique, escorte de prisonniers, transport d'équipes sportives et bien sûr ramassage scolaire. Si le respect des horaires est bien entendu essentiel au bon déroulement d'un scénario, le code de la route et le type de conduite sont également pris en compte. Inutile donc d'appuyer sur le champignon comme un malade ou de griller les feux rouges ; les pénalités que vous recevrez ruineront vos efforts pour arriver à l'heure. On n'est pas dans Speed. Encore moins dans Burnout. C'est écrit noir sur blanc sur la jaquette du jeu, le livret, et le communiqué de presse : Bus Driver Simulator est "un jeu non-violent". Non-violent, c'est clair ?
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la conduite n'est pas violente non plus. Accélérant à la vitesse d'une limace asthmatique, chaque véhicule réagit avec une lenteur que ne renierait pas l'Inspecteur Derrick. Leur inertie colossale n'a d'égal que leur manque de manoeuvrabilité. Logique pour des autocars de 15 tonnes me direz-vous. Logique certes, mais quand on s'aperçoit qu'il faut 30 bonnes secondes pour faire demi-tour après avoir effleuré la moindre barrière de sécurité, on se dit que niveau adrénaline, l'expérience risque d'être un peu juste. D'autant que les développeurs de CSC Software disent avoir axé leur titre sur la jouabilité et non le réalisme. D'où le fait selon eux qu'il n'y ait aucune vue à partir de la cabine (perso, je ne vois pas le rapport). En fait, seule une vue de l'arrière est disponible. Non, vous ne rêvez pas, cette "simulation" ne nous place à aucun moment dans la peau d'un conducteur de bus !
C'est donc en vue externe que nous parcourrons les divers quartiers de la ville. Banlieue, port, centre historique ou faubourgs enneigés, les environnements sont plutôt variés quoique médiocrement modélisés et surtout très vides par endroits. Précisons tout de suite que le trafic fait peine à voir et que la gestion des collisions vient d'une autre planète. En effet, lorsque des mastodontes d'acier rebondissent comme des boîtes en carton contre des 33 tonnes lancés à pleine vitesse, on ne doit sûrement pas être sur Terre. Mais de toutes façons, ne pensez pas semer la zizanie en ville. Il n'y a pas de piétons, les véhicules ne se déforment pas et l'interactivité avec le décor est limitée au strict minimum. En fait, il faut scrupuleusement respecter le code de la route. Pensez donc à sortir le clignotant à chaque changement de file et à vous arrêter quand il faut car vous serez sévèrement sanctionné au moindre écart. Problème, la ville imaginaire de Bus Driver Simulator est américaine. Saviez-vous que les feux de signalisation du pays de l'Oncle Sam sont placés en face des carrefours et non à côté de vous ? Décidément, on a beau chercher, il n'y a pas grand-chose à sauver dans ce Bus Driver Simulator.
Note : les screenshots ont été pris avant que le support client d'Anuman n'ait pu communiquer la manipulation à effectuer pour corriger les problèmes d'affichage de la version boîtier (Aller dans le dossier d'installation du jeu c:\program files\Anuman Interactive\Bus Driver Simulator et lancer le fichier Launcher.exe. Sélectionner Français pour le choix de la langue et relancer le logiciel.).
- Graphismes6/20
La ville est grande mais souvent trop vide, aliasée ou moche. La modélisation des différentes zones est en outre très inégale. Et si les bus sont plutôt bien reproduits, le soft reste clairement en retard au niveau graphique.
- Jouabilité5/20
La conduite des bus est simpliste et ennuyeuse. La gestion des collisions, de son côté, est à mourir de rire. On se fait pénaliser tout le temps pour la moindre broutille et le comble pour un simulateur : on ne peut pas piloter à partir de la cabine.
- Durée de vie4/20
Malgré ses 12 véhicules, son environnement ouvert et sa trentaine de scénarios, Bus Driver Simulator passe complètement à côté de son sujet. Ni simulation, ni jeu d'arcade, il ressemble tout au plus à un logiciel éducatif raté. Comment dépenser 30 euros pour ça ?
- Bande son10/20
Les bruits de moteurs sont assez réalistes et les cris des passagers nous empêchent de temps à autre de nous endormir au volant.
- Scénario/
Piètrement réalisé et parfaitement soporifique, Bus Driver Simulator ne simule pas grand chose à part l'ennui. On s'étonne qu'un éditeur spécialisé de l'envergure d'Anuman ait pu envisager de commercialiser une titre aussi médiocre.