Dès qu'on a lâché que le prochain jeu d'aventure sur lequel on travaille s'intitule Dracula, on a un peu tout dit. L'interlocuteur est dès lors persuadé qu'il y aura au menu des êtres démoniaques aux longues canines, du sang et, espérons-le, des jeunes femmes pas franchement farouches qui n'hésitent pas à traverser, de nuit, la lande embrumée pour rentrer chez leur maman. Eh bien le croirez-vous ? Durant notre première prise de contact avec le Dracula que nous prépare Kheops, nous n'avons croisé aucun de ces lieux communs...
En fait, l'intrigue débute même dans le camp des ennemis du vampire le plus connu de la littérature : au Vatican, en 1920. Dans le luxe ostentatoire d'un bureau avec vue sur la Place St Pierre, un cardinal discute avec un prêtre plus jeune. Comme nous n'allons pas tarder à le découvrir, ce dernier s'appelle Père Arno Moriani et il fait partie de la Sacrée Congrégation des Rites, une section du Vatican enquêtant sur les personnes susceptibles d'être canonisées. On l'envoie dans le petit village de Vladoviste pour qu'il établisse si Martha Calugarul, un médecin qui vient de mourir, mériterait d'être ajoutée au nombre des saints. Dès qu'il arrive sur les lieux, le prêtre commence son travail en visitant différents endroits comme le dispensaire où Martha Calugarul officiait ou le cimetière qui abrite sa tombe. Là, une première surprise attend les joueurs. Dans un coin du décor, on aperçoit un homme au physique ingrat en train de creuser la terre. Vous voyez le genre, le taiseux mal fagoté avec un chapeau enfoncé jusqu'aux yeux qu'on imagine déjà se signant toutes les vingt secondes et énonçant d'une voix bourrue des phrases chargées de menaces mâtinées de superstitions... Mais quand on s'en approche pour discuter avec lui, ce personnage répond au Père Moriani d'une manière plutôt aimable avec, à la clé, un bon sens assez rafraîchissant. Nos a priori volent en éclats. Il semblerait que l'équipe de Kheops ait choisi de prendre le contrepied de certaines figures imposées du genre.
Rapidement, l'enquête du Père Moriani démontre que les causes de la mort de Martha Calugarul sont assez extraordinaires mais pas divines pour autant et que, selon les villageois, son corps porte la marque de Dracula. Le Vatican charge alors le prêtre de partir dans cette direction afin de démontrer de manière définitive que les vampires n'existent pas. Dès lors, le héros va s'engager de façon plus ou moins consciente dans ce que les scénaristes ont baptisé la Voie du Dragon. Il s'agit d'une série de sept épreuves à l'issue desquelles il devrait parvenir à faire la lumière sur la mort de Martha Calugarul. Et, qui sait ? Par la même occasion, peut-être fera-t-il des découvertes "intéressantes" à un niveau qui lui est plus personnel... En tout cas, du scénario, nous savons également qu'il impliquera une société secrète s'intéressant beaucoup à la notion du surhomme. La Première Guerre mondiale est à peine terminée que certains préparent déjà la suivante...
Selon les représentants de Kheops qui étaient présents à cette démonstration, ce Dracula s'appuie sur un principe favorisant la récolte de documents qui regorgent d'infos, par opposition aux jeux qui mettent en avant la récupération et l'utilisation d'objets. Livres divers, lettres et même la bible du Père Moriani devront être lus avec attention pour découvrir les solutions des énigmes qui entraveront la progression du héros. Précisons d'ailleurs que cette fameuse bible que le père ouvre parfois au hasard pour trouver l'inspiration a été reproduite dans toute la longueur de ses 3500 pages environ. Une vingtaine de passages de ce texte correspond à ce qui se passe dans le jeu. Autre passage important : la visite de la bibliothèque de Prague. Parmi les très nombreux ouvrages disponibles, seulement une vingtaine renferme des éléments qui pourraient aider le Père Moriani. Encore faudra-t-il discerner les textes importants de ceux qui ne le sont pas ce qui, bien entendu, passera par une incontournable séance de lecture. Et, sans vouloir trop dévoiler l'intrigue, l'un des éléments du jeu qui nous a semblé le plus important tient au destin du Père Moriani, qui prend les allures d'un désaveu de ses convictions particulièrement maîtrisé. On vous reparle de tout cela et on fait le point sur l'aspect technique -plutôt prometteur- lors d'un prochain test, ce jeu devant sortir sur PC fin mars.