A priori, les créateurs du sympathique et chatoyant Spyro ne semblaient pas avoir de prédispositions particulières pour pondre un scénario apocalyptique bourré d'hémoglobine et de tripaille. C'est pourtant ce qu'ils ont fait, avec plus ou moins de succès. Comme quoi, il ne faut jamais jurer de rien. L'histoire de Resistance : Fall Of Man est ce qu'on appelle une uchronie, tout comme celle du célèbre roman de Robert Harris, Fatherland. L'action a donc pour cadre une Histoire alternative, dans laquelle la Seconde Guerre mondiale n'a pas eu lieu, l'Europe et les Etats-Unis prospèrent et la Russie est toujours tsariste. Cette dernière suit une politique isolationniste extrêmement poussée et se coupe volontairement du reste du monde. Au fin fond de la Sibérie, ses plus brillants scientifiques se livrent à des expériences secrètes qui, on s'en doutait, tournent mal. Si dans un premier temps, le géant russe parvient à cacher les horribles conséquences qu'ont ces expériences sur la population, la vérité finit bien sûr par éclater. Les Russes ont en fait créé un virus extrêmement virulent qui transforme petit à petit le porteur en créature cauchemardesque pompeusement appelée Chimère. Le virus s'étend à une vitesse ébouriffante et ses victimes finissent par constituer une véritable nouvelle race. Dès lors, les Chimères envahissent totalement la Russie, puis l'Europe. Seuls les Etats-Unis échappent encore à l'invasion alors que la dernière bataille pour le continent eurasien fait rage sur les îles britanniques.

Vous incarnez le sergent Nathan Hale, envoyé avec tout un contingent américain pour prêter main forte à ses cousins d'outre-Atlantique. Nous sommes en 1951, dans un monde rétrofuturiste particulièrement bien rendu. Vous sillonnerez donc plusieurs villes anglaises qui fleurent bon les trente-trois tours, les vieilles voitures et les légendaires cabines téléphoniques rouge écrevisse. Le décalage entre cet univers, vos armes futuristes et les monstres Stroggesques semble parfaitement crédible et offre au soft une atmosphère particulièrement prenante. Resistance est de ce point de vue là une réussite.

Les affrontements sont violents et semblent très largement inspirés de la série des Call Of Duty. On se retrouve donc souvent à sulfater des Chimères en compagnie d'autres militaires en uniforme de la Seconde Guerre mondiale. Les tirs fusent, les grenades volent et le mobilier disparaît en une multitude de petits morceaux des plus réalistes. Mais là où Call Of Duty parvient à immerger le joueur dans l'horreur de la guerre, Resistance n'arrive jamais vraiment au même résultat. La faute sans doute à une bande-son beaucoup moins épique même si de qualité. Dans le même registre, vos alliés n'ont pas autant d'influence sur l'action que dans Call Of Duty. La plupart du temps, ils se contenteront de se jeter bêtement sous les projectiles ennemis et d'expirer en hurlant. Au final, on se sent bien seul contre l'adversité. Les Chimères ne sont d'ailleurs pas des lumières et compteront avant tout sur leurs muscles modifiés. Pour achever cette petite comparaison, notons également que l'action de Resistance n'est pas aussi rythmée que chez son frère caché. Il n'y a pas d'autre objectif que celui d'expurger les niveaux de leur racaille bactériologique, et les missions sont bien trop courtes pour que le joueur se sente vraiment perdu dans la fureur des combats.

Côté maniement, on reste dans le classique même si le soft prend quelques libertés avec votre barre de vie. Comme c'est souvent le cas, celle-ci remonte si vous ne vous faites pas toucher pendant quelques secondes, mais pas intégralement. En effet, quatre paliers divisent la jauge, et votre énergie ne remontera toujours qu'au palier supérieur. Le soft invite donc à la prudence, car plus vous encaisserez de tirs d'affilée, moins vous serez résistant pour la suite. En dehors de ça, les familiers des FPS trouveront leurs marques en un clin d'oeil. Grenade, tir primaire et secondaire, sauter, se baisser, tout est là. On sera même en mesure d'épauler son arme pour viser avec plus de précision. Cela aussi doit vous rappeler quelque chose non ?

L'armement n'a absolument rien de réaliste mais si le design de votre arme de base ressemble vaguement au BAR américain. Si rien n'est totalement nouveau, on s'amusera particulièrement avec un fusil dont les munitions traversent les obstacles, aussi nombreux soient-ils. De même, la mitrailleuse de base des Chimères, bien que peu précise, vous permettra de "marquer" un adversaire, cela fait, tous les tirs suivants viendront frapper la même cible. Et je dois dire que c'est extrêmement plaisant. Graphiquement, le titre est plutôt bien loti, mais on est bien loin de la claque visuelle que nous laissait miroiter Sony. Pour vous donner une idée, le soft se situe plutôt entre un Call Of Duty 3 (encore !) et Gears Of War, en étant d'ailleurs plus proche du premier. Les textures sont fines même si quelques-unes font un peu tâche. Mais c'est plutôt l'animation qui n'est pas toujours au top, avec des personnages aux déplacements qui semblent parfois trop mécaniques. Dans l'ensemble, le résultat pourrait tout de même être qualifié de superbe, avec ses nombreuses explosions et sa fumée criante de vérité. Resistance : Fall Of Man est donc un FPS solide mais qui n'apporte absolument rien de nouveau au genre, si ce n'est son univers étrange et particulièrement convaincant. Une des grandes forces du soft sera sans aucun doute son mode multijoueur qui permettra à 40 joueurs de s'affronter en ligne, mais la console n'étant pas encore sortie en Europe (vous le sauriez j'imagine), il est encore trop tôt pour porter un jugement définitif. Verdict dans quelques mois.