Se déroulant durant la guerre du Pacifique, d'où son titre, Pacific Storm met en scène les deux principales nations engluées dans ce conflit, à savoir les USA et le Japon. Phase particulièrement violente de la Deuxième Guerre mondiale, notamment à cause de l'utilisation de la bombe atomique, elle est restée gravée dans les esprits des participants comme un véritable traumatisme. A vous donc d'essayer de faire fi de ces réalités tangibles pour plonger dans un produit vidéoludique qui ne revendique rien. Vous aurez cependant le choix, et ce dès les premières missions, de définir votre camp, que vous conserverez jusqu'à la clôture du combat. Bien entendu, chaque faction possède ses forces et ses faiblesses, surtout au niveau de l'équipement, voire du placement stratégique de départ. Il ne tiendra qu'à vous d'en profiter pour monter une stratégie s'adaptant aux diverses situations rencontrées. Une variété de défis tactiques qui découle principalement de l'étendue assez imposante du théâtre des opérations, couvrant l'ensemble du Pacifique. Pour l'emporter vous devrez en effet prendre diverses positions à l'ennemi et surtout annexer des terres neutres afin de vous forger une ligne de défense. Une occupation qui vous prendra un temps non négligeable durant la partie de base du jeu, à savoir la gestion de la carte tactique en temps de paix. Essentiellement basée sur la consolidation de ses acquis, cette étape indispensable est plus spécifiquement la phase wargame du soft. Relativement austère et sans véritable tension dramatique, le titre ne se donnant pas la peine de développer directement les conséquences d'une prise de position, cette strate reste toutefois extrêmement complète et réserve une précision diabolique au niveau du "management" de son armée et de ses impératifs économiques.

Il faut faire bien attention à prendre en compte la moindre petite variation apparaissant dans vos statistiques dans le but d'accéder à une possible victoire sans mauvaises surprises. Par exemple, ne sous-estimez pas les baisses de moral de vos hommes, qui seraient alors soumis à une petite diminution de leur efficacité sur le terrain. Un assemblage quasi scientifique de myriades de couches différentes, qui donnent à ce côté de Pacific Storm un aspect réaliste à outrance, laissant les amateurs sur le bord de la route, mais entraînant les férus de stratégie dans un tourbillon de possibilités. Malgré tout, il est regrettable de devoir d'une part subir cet aspect froid diffusé par une carte totalement impersonnelle et de l'autre tenter de traiter avec une I.A qui semble parfois disposer d'une conscience, effectuant des actions surprenantes et sans but véritable. Néanmoins, le tout reste très convaincant et aboutit très logiquement sur des passages guerriers dès qu'une frontière est trop allègrement franchie. Une fois la hache de guerre déterrée, deux choix s'offrent à vous. Soit vous préférez accélérer le dénouement par le biais d'une bataille automatique, soit vous désirez y participer de façon effective. Le second cas s'impose de lui-même, seul remède parvenant à rompre la monotonie du mode wargame. Vous entrerez alors dans le monde impitoyable du STR, second niveau de Pacific Storm. Relativement classique, cette nouvelle couche est une ode à la stratégie guerrière dans sa forme la plus pure, libérée des liens politiques, reclus dans le mode précédent. De fait, vous ne pourrez dès lors que compter sur vos talents de tacticien en vous fiant d'une part des capacités de vos troupes et d'autre part de l'intérêt global de votre combat.

De nombreuses unités sont à votre disposition, répondant chacune à un besoin précis, suivant le type d'ennemi auquel elles sont confrontées. Tentant visiblement de faire un peu oublier les difficultés d'accessibilité du mode wargame, le jeu vous prend ici par la main, par le biais d'une interface d'action assez claire, permettant en un coup d'oeil de définir la manière d'agir d'une ou plusieurs factions. Vous avez l'opportunité de décider si tel ou tel navire doit tenir une ligne de feu plus ou moins longue, si les avions décollant d'un porte-avions sont forcés de revenir sur ce bateau à la moindre avarie, ou encore si les mouvements des unités s'apparentent plus à une attitude défensive ou offensive. Un panel d'interactions relativement large, intéressant et simplifié, qui prend tout son sens dans la fureur des affrontements. En effet, un tantinet fouillis, l'écran de jeu voit se superposer les unités aériennes dans un amas troublant, notamment lorsque l'on sait que ces dernières sont symbolisées par diverses figures géométriques de couleur verte qui se confondent facilement. Heureusement une pause active et les différentes sélections (groupe, unité, type) rendent le tout presque accessible. Cependant cela ne règle pas le problème assez étrange de la caméra, pensée pour rendre le tout plus lisible, mais qui peine à convaincre, ne serait-ce qu'à cause de son fonctionnement chaotique et de son côté rigide. Pourtant, on prend plaisir à aligner les bombardements, tout émoustillé de découvrir ensuite la dernière possibilité du soft, à savoir prendre le contrôle de n'importe quel véhicule à la manière d'une simulation. Les navires limitant cette très bonne idée à la manoeuvre des canons, le plaisir principal se situe dans la prise en main des unités volantes.

Précises et diffusant une joie palpable, les minutes de vol passées dans ces carlingues bruyantes redonnent un souffle épique à un titre qui en manquait quelque peu. Pourtant, il est rare que l'on prenne le temps de prendre la place du pilote, tant la gestion des innombrables unités sur le terrain occupe les pensées. Un ajout très bien vu sur le papier donc, mais qui reste tout de même et de manière dommageable en retrait. Au final donc, et malgré l'austérité de sa phase principale qui le réserve aux initiés, Pacific Storm est une bonne surprise, mélangeant avec une certaine réussite trois types de jeu différents dans un tout cohérent. Miné par des soucis d'accessibilité et de rythme, il parvient à relever la tête hors de la tranchée avec panache.