Et c'est bien là l'un des points forts de JTF : malgré une originalité qui n'est pas du tout au rendez-vous, le scénario utilise des faits réels pour donner vie à un futur proche véritablement crédible dans lequel on n'a aucun mal à se plonger. Tout est fait pour mettre le joueur en situation, à commencer par une narration constituée d'une multitude de cinématiques très intéressantes qui nous disent le pourquoi du comment de chaque mission. C'est vraiment sympathique et ça nous rappelle un peu ce que l'on avait pu voir dans Act of War même si, dans le cas Joint Task Force, les vidéos n'ont hélas pas été tournées avec de véritables acteurs puisqu'elles utilisent le moteur 3D du jeu. Elles n'en restent pas moins un élément qui fait beaucoup pour asseoir l'ambiance.

Plus que le scénario, l'important dans un jeu de stratégie, c'est tout de même le gameplay. Celui de Joint Task Force est une sorte de mélange entre Act of War et Ground Control 2. La différence essentielle avec le premier, c'est que dans le cas de JTF et comme dans celui de Ground Control 2, il est impossible de construire des bâtiments. On commence généralement une mission avec une poignée d'hommes et de véhicules. En cours de partie, il est possible de demander des renforts. Pour cela, il faut sélectionner le commandant et cliquer sur le petit symbole dollar. La liste des unités que vous pouvez appeler s'affiche alors. Elles vous seront livrées par hélicoptère. Pour ce qui est des véhicules lourds, la méthode est un peu différente puisque pour y avoir accès, il faut avoir auparavant capturé une zone d'atterrissage (aérodrome par exemple). C'est en sélectionnant la tour de contrôle que vous accédez à la liste des véhicules lourds, livrés par avion cargo.

L'appel de renforts n'est évidemment pas gratuit et si vous voulez en bénéficier, il faudra disposer des fonds nécessaires. Pour gagner de l'argent, il faut accomplir les missions qui vous sont confiées, mais aussi veiller à votre comportement sur le champ de bataille. Toutes vos actions sont en effet suivies par les médias. De petits extraits de journal télévisé apparaissent d'ailleurs assez souvent dans un cadre en haut de l'écran. Les événements positifs (tuer les ennemis, sauver des otages...) augmentent vos fonds, tandis que les événements négatifs (attaquer les civils...) les réduisent. Un principe sympathique qui remplace avantageusement la récolte de ressources en permettant au joueur de ne pas passer son temps à autre chose que les combats. Hélas, on s'aperçoit assez vite que les batailles sont un peu éludées par un autre aspect un peu trop présent à notre goût : le micro-management.

Si les armes de base (mitrailleuses...) ont des munitions illimitées, les lances-roquettes et autres grenades sont comptés et lorsqu'on n'en a plus, il faut se ravitailler (auprès d'un camion par exemple). Le problème, c'est que cette action ne peut se faire que manuellement en cliquant sur l'unité qui est à cour puis sur le petit symbole dollar et enfin sur les munitions que vous souhaitez acheter. Il est dommage qu'un mode automatique n'ait pas été prévu pour que nos hommes s'approvisionnent seuls lorsque le besoin s'en fait sentir. Et ce besoin s'en fera de toutes façons sentir très rapidement. En effet, nos troupes dépensent sans compter leurs armes et on assiste donc à quelques aberrations comme deux soldats qui tirent simultanément deux roquettes pour détruire un pick-up alors qu'une seule aurait largement suffit. Quel gaspillage ! Pour éviter ça, il faudra verrouiller l'utilisation de ces armes en interdisant à vos troupes de les lancer sans ordre explicite de votre part, puis sélectionner une unité (et une seule) pour qu'elle se charge d'envoyer la sauce. Heureusement, une pause active est présente pour que toutes ces actions se fassent sans vous pénaliser. Ce micro-management qui nous oblige à recharger manuellement certaines munitions et à contrôler chaque unité séparément pour arriver à un bon résultat, hache grandement le rythme des parties.

En mode campagne, vous êtes obligé de procéder au contrôle manuel de chacune de vos unités, car outre les recharges d'armes et leur utilisation correcte, il vous faut pallier aux lacunes de l'intelligence artificielle en matière de déplacement. Le pathfinding connaît de grosses ratées, surtout sur les cartes urbaines ou encore celles au relief tourmenté. Lorsqu'on dispose de plusieurs véhicules, ils n'est en effet pas rare qu'ils se gênent mutuellement. Pour éviter ça et pour faire en sorte que chacun de vos chars se rende au bon endroit en empruntant le bon chemin, rien de mieux que de les contrôler un à un. Ce n'est pas trop gênant lorsqu'on en a que trois ou quatre, mais à partir de six ou sept véhicules, ça devient nettement plus problématique, surtout lorsqu'on est dans le feu de l'action. Au final, on passe beaucoup trop de temps à mettre la pause pour contrôler ses unités une à une, ce qui n'est possible qu'en solo et pas en multi qui de fait, se résume beaucoup à du simple bourrinage. Le jeu ne tient donc pas ses promesses sur ce plan.

C'est d'autant plus dommage que les modes multijoueurs et escarmouches sont très complets sur le plan du contenu avec la possibilité de faire s'affronter 8 participants et de paramétrer finement les règles d'engagement : conditions de victoires, ressources de départ, avec ou sans drapeau à conquérir, avec ou sans renforts... Trois camps sont alors jouables : la JTF évidemment, mais aussi le réseau terroriste Al Matar spécialiste des techniques de guérilla et la faction des dictateurs qui certes, utilise des armes qui ne sont pas de toute dernière génération, mais qui compte sur le nombre pour submerger l'adversaire. Pour l'anecdote, il faut aussi préciser que le jeu est compatible avec les cartes de gestion physique AGEIA. Si vous en disposez, vous pourrez donc bénéficier de quelques améliorations sur ce point. Nous n'en parlerons pas puisque nous n'avons pas pu tester ces fonctionnalités, mais il faut dire que très peu de joueurs disposent à ce jour de ces cartes. Au final, Joint Task Force est un titre solide, complet, bien réalisé, mais qui pèche du côté de l'IA et du micro-management qui prend un peu trop le pas sur les combats à notre goût.