Surmonté de deux grosses couettes roses, l'héroïne de ce titre lumineux et particulièrement mignon ne voit effectivement pas la vie sans son mécha fétiche, armé de deux foreuses de belle taille. Véritable perceuse de luxe, cet engin aux douces rondeurs est en fait une arme redoutable autorisant son pilote à pénétrer dans n'importe quel bâtiment, quelles qu'en soient les défenses. C'est de fait l'outil idéal pour reprendre au gang Skullker un diamant volé de plein droit et retourner la situation à son avantage. Doté d'un fonctionnement très spécifique, le Drill Dozer cache dans son apparente lourdeur des fonctions plus qu'intéressantes. Donnant évidemment la possibilité de frapper vos différents adversaires d'un petit coup de foret bien placé, le robot autorise également à se servir de son "arme" comme d'un bouclier, déviant les balles si besoin est. D'ailleurs c'est dans cette optique multi-usage que le gameplay se construit au fur et à mesure de la progression. Vos foreuses évoluent pour le coup de simples gadgets à un instrument indispensable à votre avancée. Permettant de se suspendre à des mécanismes mouvants, de creuser dans des zones meubles, de sauter en prenant appui sur une sorte de bloc gélifié, ou encore de s'insérer dans des conduits d'aération, ces dernières s'adaptent sans cesse aux situations rencontrées, redéfinissant l'approche et donnant surtout un nouveau souffle au jeu. Souvent surpris de ces sursauts d'ingéniosité, vous ne pourrez plus revenir à un jeu de plate-forme/action classique sans ressentir un quelconque ennui. Loin d'égaler la folie furieuse d'un Gunstar Future Heroes, Drill Dozer amène tout de même dans ses rouages des dizaines de petits grains d'originalité, qui forment un fond cohérent et solide.

Loin de se reposer sur des bases friables, le titre de Game Freak prend le pari d'adjoindre une petite touche de réflexion et un doigt de recherche en son sein. S'il n'y a effectivement pas d'énigmes torturées et de niveaux labyrinthiques, la construction non linéaire des stages et les petites subtilités à intégrer participent à donner au soft une profondeur notable. Par exemple, le principe d'action du foret requiert à la fois une certaine maîtrise et la nécessité de découvrir les pièces manquantes au mécha. Débutant avec un seul rouage, vous devrez en trouver deux autres, augmentant à chaque fois votre puissance. Néanmoins, cette force ne se traduit pas simplement par une évolution des dégâts provoqués, mais également par une modification de la jouabilité et de la progression. Dès que vous acquérez une roue dentelée, vous avez accès à une sorte de second niveau de chargement du foret. Plus précisément lorsque vous actionnez ce dernier, une barre se remplit au fur et à mesure de son activité. Normalement, une fois cette jauge pleine, elle commence à décroître à cause de la surchauffe des foreuses. Cependant, si vous parvenez à intégrer un rouage supplémentaire un message apparaîtra soudainement au moment précis où la mécanique arrive à saturation. Vous devrez alors presser une nouvelle fois sur la touche correspondante pour augmenter la vitesse de rotation de votre arme. Une manoeuvre qui vous sera obligatoire de connaître, notamment pour détruire des murs spéciaux et effectuer des actions requérant une telle puissance. Cette façon de procéder, mêlant upgrades et recherche rappelle un tantinet l'architecture de Megaman X, dans lequel des pièces d'armure aidant à votre avancée se cachaient dans des niveaux relativement étendus.

Accrocheur et amusant, Drill Dozer doit beaucoup à son ambiance enfantine et décalée, soutenue par un design général tout autant naïf qu'inventif. De plus, les amateurs des Pokémon retrouveront immédiatement l'atmosphère acidulée typique de la série vidéoludique. Un rapprochement qui va de soi lorsque l'on sait que Hironobu Yoshida est crédité ici en tant que chara-designer, après avoir crée les personnages les plus emblématiques de la saga un peu mercantile de Nintendo. Mêlant habilement ces sentiments sucrées et un contexte ancré dans la modernité, le soft de Game Freak dévoile rapidement un charme que l'on se plaît à accepter avec joie, comblé également par la réalisation graphique du niveau de celle d'un Megaman Zero, ce qui est un des compliments les plus recherchés dans le petit monde de la GBA. C'est donc avec le sourire que l'on découvre la possibilité de "gérer" l'équipement de son robot, de lui ajouter des pièces en fonction de l'environnement où il réside, ou encore d'augmenter ses statistiques. Tout cela demeure bien simpliste dans son contenu, mais le fait de donner la possibilité d'influer sur son compagnon métallique reste toujours une occupation saine. Dans un dernier sursaut de gentillesse, le jeu nous convie même à des affrontements contre des boss bien moins idiots qu'ils en ont l'air et surtout disposant d'une animation stupéfiante et d'une taille souvent imposante. Sentant bon le jeu d'action/plate-forme des années 90 et auréolé d'une originalité intéressante, le soft de Game Freak s'avère donc en l'état une surprise de premier choix qui mérite d'être prise avec considération, sans se laisser abuser par le côté enfantin qui en émane semblant ne le destiner qu'aux jeunes joueurs.