Pour les novices du phénomène Ape Escape, quelques petites précisions s'imposent immédiatement, afin de ne pas les laisser seuls face au principe totalement idiot (à dessein) du soft. Dans chaque épisode vous incarnez en fait un jeune homme ayant pour lourde responsabilité de mettre fin à une révolte de singes rendus pleinement intelligents par le port d'un bonnet mécanique spécial. Votre but n'est alors pas d'éliminer chacun des sbires aux pattes velues, mais de les capturer à l'aide d'un filet électromagnétique les envoyant directement dans des cages appropriées. Un concept troublant, ocscillant entre une débilité profonde et un n'importe quoi fascinant, s'assumant complètement dans un second degré jouissif. Pour pousser le bouchon de la folie furieuse, ce troisième épisode met en place une trame complètement tirée par les cheveux, incluant un complot mondial entre Specter et le docteur Tomuki, cherchant à lobotimiser les humains par le biais d'émissions défiant la niaiserie. Un plan machiavélique qui va bien sûr se heurter à nos deux héros nouvellement arrivés, à savoir Satoru et Sakaya. Forcés de remplacer les héros des anciens opus totalement déconnectés de la réalité devant leur poste de télé, ce duo respirant la jeunesse va être confronté non seulement à des singes encore plus fourbes mais également à un gameplay un tant soit peu évolué. Certes le soft conserve ses bases jalousement, remettant entre nos mains des items plus que connus, comme le radar à singe ou encore le cerceau de vitesse, mais il innove dans la présence de costumes thématiques.

En effet, après un événement spécifique du scénario votre "tutrice" bien-aimée vous confiera un bracelet de transformation vous autorisant à revêtir l'une des formes qu'elle aura eu l'amabilité de vous proposer. Allant du chevalier moyenâgeux au cow-boy, en passant par le ninja, ces dernières vous octroieront à chaque fois quelques capacités spécifiques qui vous permettront de capturer vos proies avec une efficacité bien plus importante. Par exemple, le guerrier tout de fer vêtu pourra facilement dévier de rougeoyantes flammes et exécuter une attaque inédite neutralisant toute vie autour de lui. Ces "déguisements" sont donc un apport non négligeable lorsque l'on voit le peu d'innovation généralisé qui s'étend sur le titre de Sony. Modifiant la stratégie à adopter durant les parties de Benny Hill improvisées, ces derniers sont toutefois limités dans le temps, nécessitant des unités étranges de couleur verte pour continuer de fonctionner. Toutefois leur utilité ne se limite pas à la chasse à cours simiesque et vous éprouverez le besoin de vous travestir notamment contre les bosses peu coriaces mais aussi lors de petites "énigmes" requérant une approche différente. De plus, et malgré le peu de costumes disponibles pour l'instant, on prend un plaisir réel à laisser de côté ses instincts de traqueur pour se laisser tenter par de l'action pure, de la vraie, de la tatouée. Amenant pratiquement un côté épique, l'utilisation de cette nouvelle fonctionnalité donne ce petit aspect puissant qu'il manquait à la série. J'en veux pour preuve le combat dantesque avec le dragon du singe blanc, semblant sortir tout droit d'un beat'em all orienté héroic fantasy.

Autre nouveauté sympathique mais pas vraiment révolutionnaire, la collecte de courts films narrant les frasques déjantées de troupeaux de singes décervelés. Un ajout limité dans son intérêt mais qui donne une idée de l'esprit avec lequel le studio de développement à conçu le jeu tant ces saynètes s'avèrent décalées. Faisant appel à des scènes cultes de films, de séries et d'oeuvres vidéoludiques balisant respectivement l'histoire du cinéma, de la télévision et du jeu vidéo, ces courts-métrages restent totalement dans l'esprit du titre, maniant la parodie avec délice, allant jusqu'à boucler la collaboration avec Metal Gear Solid 3 par un Snake version macaque plutôt croustillant. Entre un braquage de banque à la Tarantino, l'assaut d'une forteresse digne d'un long métrage de cape et d'épée des années 50, et un passage éclair dans la moiteur d'un far-west "Fordien", Ape Escape 3 n'épargne rien ni personne et se complaît dans cet humour nonchalant, souligné amoureusement par une réalisation très convaincante. Même si des bugs graphiques omniprésents trahissent la dénomination preview de notre version, on ne peut en revanche faire aucun grief contre les environnements chamarrés et bourrés de détails relayant l'univers "onirico-débile" du soft de Sony. Malheureusement, à l'image des items que l'on retrouve sans une joie vraiment profonde, la jouabilité très spéciale de la série fait son grand retour, accompagnée de jongleurs, de feux d'artifice et de danseuses orientales.

De fait, les attaques se cantonnent toujours au stick droit, tandis que le gauche vous sert à avancer plus ou moins droit suivant l'angle caméra. Sempiternellement mal placée, cette dernière semble vous en vouloir pour une raison inconnue, vous empêchant même de faire pivoter votre point de vue. Vous serez donc obligé de supporter un simple recadrage pas très heureux, surtout lorsque l'on tente de discerner un singe une fois caché derrière un obstacle. Du coup, le côté furtif très intéressant se voit relégué en second plan laissant comme principale solution l'attaque assez imprécise au stick, malgré quelques progrès dans ce domaine. Certes il est relativement facile d'aboutir à une action désirée, mais les limitations inhérentes au titre l'empêche de rallier totalement un large public. Pourtant le plaisir ressenti au gré de la progression demeure identique tout au long des niveaux, jouant bien évidemment sur l'aspect humoristique plus qu'important. Attendons tout de même de voir les corrections de la version finale dans l'espoir d'admirer la disparition des problèmes de caméra et des errances graphiques. The monkeys will rule the world !