Nintendo aime faire des surprises, comme nous envoyer sans prévenir un exemplaire de Homeland en version japonaise. Un jeu que, avouons-le, personne n'attendait vraiment, mais que nous avons eu plaisir à découvrir et que je vais me faire une joie de vous présenter. Homeland est donc un RPG online développé par l'équipe de Chunsoft, un studio japonais connu notamment pour des titres comme The Nightmare of Druaga ou encore Torneko no Daibôken sur PS2. Le jeu adopte une esthétique très épurée et naïve, résultant d'un hypothétique et improbable croisement entre Wind Waker, Animal Crossing et les Moomins. Les uns seront choqués, voire outrés, par l'aspect dépouillé des environnements du jeu, tandis que les autres applaudiront une telle audace visuelle. Pourtant, à l'instar d'un jeu comme Animal Crossing, le design enfantin du titre ne le destine pas forcément aux jeunes joueurs, mais plutôt à tous ceux qui sont ouverts à toute forme de créativité vidéoludique. Si ça ne vous hérisse pas de contrôler un personnage au long nez ou un héros en forme de dé, je vous conseille de poursuivre votre lecture.

Pour entrer dans l'univers de Homeland, pas besoin d'être un guerrier, un magicien ou un clerc. Il suffit d'être un garçon ou une fille et d'accepter de ressembler à un oignon pour partir à l'aventure. Une aventure bien étrange qui commence alors que vous vous êtes assoupi dans votre chambre au lieu de faire vos devoirs. Très vite, il va falloir résoudre quelques opérations et faire semblant de prendre vos études au sérieux avant d'être entraîné vers l'inconnu par un ange rondouillard qui fait irruption dans la pièce. Mais avant de partir, vous devrez choisir l'apparence de votre avatar (appelé mascotte dans le jeu) pour pouvoir vous mêler aux autochtones de Homeland. Rassurez-vous, en avançant dans le jeu, de nouvelles mascottes viendront s'ajouter aux deux seuls avatars proposés au début de l'aventure. Vous vous retrouvez ensuite dans la zone principale de Homeland, depuis laquelle vous pouvez accéder à chacun des mondes que vous avez débloqué.

Une fois sur place, vous allez pouvoir vivre la vie de votre personnage, parler aux habitants des villages et faire des emplettes avant de partir explorer les environs. La fenêtre de dialogue est suffisamment bien pensée pour oublier l'absence de clavier, et le menu d'icônes circulaire, présent également lors des combats, n'est pas sans rappeler celui des Seiken Densetsu (Secret of Mana). En milieu hostile, un affrontement au tour par tour s'engage dès que vous vous approchez d'une créature. Vous avez alors la possibilité de négocier le combat comme vous le désirez, en utilisant des attaques physiques, des magies, des compétences ou des objets. Pour coller à l'ambiance, Homeland nous sert carrément des musiques guillerettes pendant les combats. Bizarrement, le soft est tellement irréaliste et audacieux que rien de tout ça ne choque vraiment. En groupe, les personnages se tiennent la main dans une sorte de farandole qui leur permet de devenir plus forts. Serait-ce ça la force de l'amitié ? En tout cas, l'idée n'est pas bête puisque selon la nature de ses alliés, on hérite de pouvoirs et de bonus différents.

Bien sûr, le soft est aussi bien jouable en solo qu'en multijoueur, et aussi bien offline qu'online où les parties accueillent jusqu'à 35 joueurs par serveur. En solo, on peut même faire venir un allié qui pourra être contrôlé directement par un second joueur en branchant une manette sur le port 2 de la console. Dans tous les cas, le déroulement du jeu n'est absolument pas contraignant, la sauvegarde peut se faire n'importe quand et on avance sans heurt à mesure que l'on voit son personnage monter de niveau. Plus on enchaîne les quêtes, plus on est récompensé, par exemple par des accessoires (casquette, lunettes, noeud rose, couronne, etc.) qui permettent de personnaliser son avatar et de le rendre encore plus ridicule, mais c'est dans l'esprit du jeu. De plus, la façon dont est conçu Homeland incite à recommencer plusieurs fois le jeu, car celui-ci comporte plusieurs fins différentes et un bon nombre d'embranchements permettant de découvrir des mondes distincts. Alors, dans l'optique où ce soft verrait le jour dans nos contrées, vous pourriez peut-être bien vous laisser prendre au jeu si vous ne vous sentez pas rebuté par l'univers très particulier de Homeland.