Mais pourquoi ? Pourquoi adapter en un produit vidéoludique un jeu de plateau matériel, convivial, et surtout moins cher que son homologue de pixels ? Pourquoi développer des Monopoly, des Scrabble ou bien des Trivial Pursuit, comme c'est le cas aujourd'hui, alors que l'on est indubitablement sûr de ne rien apporter de neuf ? Pourquoi s'acharner de cette manière ? Beaucoup de questions auxquelles Atari s'empresse de répondre avec tact et finesse. Tout simplement pour les rendre en accord avec la mouvance d'une folle époque pour retirer le sérieux du Trivial Pursuit, et le changer en une occupation déjantée. Ce qui ne résout d'ailleurs pas le problème de l'intérêt.

Pour commencer cette plongée dans un monde inquiétant où l'on hésite à poser un pied de peur de subir une vaporisation dont l'esprit humain n'a aucune mesure, il est bon de remarquer que, à la vue de l'écran titre, le studio de développement a apparemment fait main basse sur le terme "déjanté". En effet , ce dernier est suivi d'un valeureux "TM" qui implique une marque déposée. De ce fait, dans votre vie de tous les jours, il ne faudra plus prononcer ce mot sous peine d'être redevable de plusieurs centaines de millions d'euros à Artech Studios. Et oui, la vie n'est pas de tout repos. Désormais il vous incombera d'utiliser "décalé", "fou", "inconcevablement humoristique" en lieu et place de déjan... Je m'abstiendrai de finir ce terme. Nous arrivons alors à un besoin d'explication linguistique de ce mot, qui s'applique assez peu à un jeu comme le Trivial Pursuit, plutôt destiné à une famille paisible et heureuse, jouant tous ensemble au coin d'un feu, regardée amoureusement par un labrador au pelage soyeux. Selon le dictionnaire, la signification la plus juste est cette dernière : et bien aucune car il ne réside pas dans cet ouvrage pourtant relativement complet. Se fiant à son expérience personnelle on retire tout de même que le sens commun s'apparente à quelque chose de complètement bizarre, loufoque, à la limite de la psychiatrie, un truc de "ouf", bref une absence de sérieux proche de la folie. On pénètre par conséquent dans le soft avec une joie non dissimulée, en se disant que l'on va rire aux éclats, se rouler par terre en bavant, voire esquisser un rictus de plaisir devant des systèmes de jeu délirants et "fun". On s'imagine à l'avance l'ambiance régnant dans les locaux de développement au moment de la création.
Au final, fier de sa licence et de sa reconnaissance auprès du grand public, Trivial Pursuit nous dispose entre les mains une version déjantée (j'ai mis un "e", donc ça ne compte pas) bien loin de l'être. Plutôt morose, ou morne, le titre édité par Atari se révèle cruellement privé de ressources ludiques, et qui plus est nécessite une connexion internet et un multitap pour vraiment en "profiter". Mon conseil, faites l'achat d'une boîte de jeu sur plateau, vous vous y retrouverez sûrement beaucoup plus.
- Graphismes 3 /20
On observe avec tristesse une qualité graphique de très faible tenue. Des environnements dépouillés et victimes d'un niveau de détail indigent, doublés d'une utilisation de couleurs criardes au sein d'un plateau connaissant des problèmes de gestion des caméras. Les angles de vue sont en effet disposés très étrangement, ce qui est un comble pour un soft adapté d'un jeu de société !
- Jouabilité 8 /20
Certes, la manoeuvrabilité des pions est optimale (encore heureux), mais le gameplay ne parvient pas du tout à convaincre et s'enlise dans une exposition de morosité notable. Les modes de jeux ne s'avèrent pas du tout intéressants, car limités dans leur mise en place et leurs possibilités, et les ajouts "déjantés" ne relancent pas du tout la qualité ludique de l'ensemble. On s'amuse par contre vraiment avec une boîte de jeu classique.
- Durée de vie 2 /20
Les parties ne durent vraiment pas longtemps, et aucun challenge ne vous conduira à tenter de progresser dans le soft. Parvenir à en enchaîner plusieurs est un tour de force, qui fera de vous un homme capable de rentrer dans la légende.
- Bande son 6 /20
Les compositions musicales s'avèrent redondantes et très peu présentes, mettant en exergue des voix peu convaincantes, et surtout complètement cliché. Vous subirez des "bien joué !" et des "ouais, un 6 !" à longueur de temps.
- Scénario /
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Réalisé de manière lacunaire, et terriblement ennuyeuse (ce n'est pas subjectif), le titre d'Atari est une adaptation clairement ratée d'un classique des jeux de plateaux conviviaux et au potentiel culturel non négligeable. Ce soft ne contentera pas les joueurs, loin de là, et se contentera de donner envie d'acheter une boîte de jeu "normale". Une dernière question : Quelle est la masse atomique du Soleil ?

