Tout commence sans préavis par l'enlèvement du fils de la famille Chopski, un beau matin de printemps, par les hommes de la firme Golden Bell. Cette dernière, commercialisait une drogue rendant dépendant la majorité des familles sur terre dans un bien-être total, mais sans se douter des effets secondaires. En effet, les "drogués" sont devenus violents, et entrés en conflit avec leur entourage. Scindant la population en deux parties, les sains d'esprit (adepte du produit Golden Bell) et les sobres, rejetant cette substance. Voyant ce qu'ils avaient fait, et désirant continuer à empocher leur argent sans sourciller, les dirigeants de l'entreprise pharmaceutique ont décidé de se terrer dans les sous-sols de la ville principale de conception. Ayant besoin de jeunes enfants pour parachever leurs recherches, les scientifiques se mirent en tête donc d'emporter un garçonnet. Malheureusement, il a fallu que cela tombe sur un duo de psychopathes notoires, prêt à tout pour recouvrer leur progéniture. Un scénario un peu tiré par les cheveux donc, qui évolue très peu tout au long de l'aventure et qui est amené de manière grossière. Mais bon, dans un FPS c'est excusable à défaut d'être acceptable. Vous partez par conséquent l'arme au poing avec votre femme sur le dos (?!). Une situation originale qui a une grande importance dans le gameplay.

Première surprise lorsque l'on découvre Nitro Family, la gestion des coups de feu ne ressemblent à rien de ce qui a été fait auparavant. En fait, vous ne prenez pas en compte une seule arme, mais deux. Cela paraît classique au premier abord, mais ça l'est beaucoup moins quand on se rend compte qu'il faut affilier un bouton à chacune d'elles. Vous aurez donc un tir gauche, et un tir droit qu'il vous faudra gérer afin de réaliser des combos surpuissants. Je m'explique. Pouvant manoeuvrer indépendamment les deux bras, il vous est possible et même conseillé, d'appuyer en même temps sur les deux gâchettes, de manière à effectuer un tir énergique qui projettera votre adversaire dans les airs. Notez que vous pourrez également faire de même avec un simple shoot basique, mais qu'il montera moins haut. Une fois celui-ci soumis aux vents, il vous suffit de continuer à enchaîner des coups de feu, en alternant gauche et droite de façon à le maintenir dans les hauteurs. Si vous vous débrouillez bien, vous réussirez à enchaîner parfois 5 ou 6 tirs sans interruption. Une fois ce tour de force accompli, votre jauge d'Ecstasy, se remplira un petit peu. Elle comporte en fait trois parties, une verte, une jaune puis une rouge. Arrivé dans cette dernière portion, vous entrerez en mode Ecstasy. Vous observerez alors un ralentissement de l'action semblable à une sorte de "bullet time", et vos sauts et attaques seront deux fois plus efficaces. Vous obtiendrez d'ailleurs le même résultat en tuant un très grand nombre d'ennemis simultanément, avec un lance-roquettes par exemple. Une idée agréable, qui même si elle n'est pas novatrice reste bien délirante, du fait de l'adagio de Barber accompagnant le massacre. Surprenant.

Par contre, on ne peut pas dire que l'originalité empreigne le jeu dans son ensemble. Effectivement, que ce soit d'une part l'arsenal à votre disposition composé des classiques fusils à pompe, fusils à lunette, lance-grenades, et autres lance-roquettes, ou d'autre part le level-design relativement soporifique qui inclus les célèbres phases de plates-formes peu jouables, il apparaît clairement que Nitro Family ne cherche pas à éviter les évidences. Les développeurs ont préféré se contenter de réutiliser des concepts antérieurs afin de privilégier le fun. Mais ce serait être de mauvaise foi, si je ne citais pas les maigres innovations tout de même présentes en plus du port de deux armes. Tout d'abord, vous n'êtes pas seul. Effectivement, votre chère et tendre compagne vous accompagne dans cette vendetta. Soutien véritable, elle vous permet d'avoir accès à un coup spécial dévastateur, si vous disposez de suffisamment de bombonnes de gaz. Se détachant de votre dos, elle ira alors bombarder l'ennemi d'explosifs. Radical. De plus, elle vous donne la possibilité d'éloigner les opposants s'approchant trop près de vous en leur coupant la tête avec son fouet. Une copie perverse d'Indiana Jones. A côté de cela, vous rencontrerez dans votre aventure une jeune femme sculpturale nommée Lisa qui vous vendra des armes sur un fond musical très Richard Clayderman dans l'âme. Imaginez les paroles de "Je t'aime mon amour" à base de "Tu es partie ich li bodich, d'une conversation english, pour arriver jusqu'en français, à me faire dire pour plaisanter..." avec en fond une mitrailleuse lourde, et vous aurez une idée de l'ambiance du magasin suscité. Dans cette même boutique, il vous sera possible également d'upgrader vos outils de destruction comportant tous deux ou trois formes différentes. Tout se fait avec les points récoltés comme monnaie d'échange. Un principe sympathique qui pousse à poursuivre votre quête dans l'espoir d'obtenir les armes "ultimes", et qui met un peu un frein à l'action débridée.

Pas de réflexion possible dans le monde de Nitro Family. Vous serez sans cesse dirigé, et n'aurez jamais à essayer de découvrir le meilleur moyen d'éliminer tel ou tel ennemi, ou dépasser telle portion de mission. Des flèches vertes vous indiqueront le chemin à suivre, et la majeure partie des problèmes se résoudront à coups de grenailles. Bloqué par un obstacle ? Il suffit d'exterminer tous les ennemis. Cela paraît aisé annoncé de cette façon, mais devant les centaines de fous furieux au design très discutable mais réellement différents de ce qui se fait d'habitude, vous aurez parfois envie de vous cacher plutôt que d'affronter ces malades. Et bien que la force du soft réside ici, dans la surenchère d'action, d'explosions, de rapidité d'action, aucune nuance ne vient pour autant le différencier d'un autre de même inspiration. Il est certain que la folie entourant ce produit promet de grands moments de comique absurde, mais ne suffit pas à empêcher de trouver le temps long. D'une mission à une autre il semble vraiment que l'on soit face à un mur de programmation identique, simplement modifié par la présence de deux "boss" vous mettant des bâtons dans les roues, Big Ball et Small Ball. Et si je dois avouer que j'ai souvent souri face à certaines situations, le titre dans son ensemble est assez premier degré. Un exemple, lorsque vous réussissez de multiples combos, votre épouse pousse des cris assez tendancieux, jusqu'à exulter, déclenchant alors le mode ecstasy. Un détail dont on pouvait se passer et qui ne semble présent que pour contenter les amateurs de poitrines opulentes et de femmes lascives. L'équilibre n'a pas été trouvé.

Pour finir, l'aspect graphique n'est pas non plus le point fort du titre. Déambulant dans des décors destructibles, ce qui est une bonne chose, vous passerez plus de temps à observer les textures baveuses et peu détaillées qu'à tenter de distinguer les contours des visages de vos ennemis. Les environnements sont quant à eux très communs sans afficher de recherches sur le design, tout comme les personnages qui ne resteront pas dans les annales. Même en poussant tout à fond sur mon petit P4 2,4 Ghz, j'ai été surpris d'observer une absence totale de relief concernant le gazon ou encore les murs de pierres. Dommage. Par contre le titre demeure extrêmement fluide et la vitesse d'animation ne chute jamais. Pensé pour le plaisir immédiat, en oubliant carrément un fond correct, NitroFamily reste ce qu'il désirait être, un divertissement nerveux et dynamique. On peut donc dire que Delphi Eye, jeune développeur coréen reste honnête avec ce produit, mais ne prend pas vraiment en compte l'évolution vidéoludique. Peut-être la prochaine fois.