Pour faire un bon FPS, il faut réunir un certain nombre d'éléments clés, et ce, que l'on vise un jeu axé sur le réalisme ou un titre bien orienté sur l'action et l'ambiance comme c'est le cas ici. Et bien Shadow Ops nous fait une brillante démonstration de ce qu'on obtient quand on oublie de prêter attention à ces détails.
Shadow Ops : Red Mercury suit purement et simplement la mode des shooters hollywoodiens à la Medal Of Honor ou Call Of Duty, à ceci près qu'il n'est point question de seconde guerre mondiale mais de forces spéciales bien contemporaines. En termes de gameplay, on a donc à faire avec un titre résolument linéaire, qui se joue sans cerveau et qui mise plus sur le spectaculaire que sur autre chose. Malheureusement, il y a des limites à ce qu'une mise en scène peut compenser.
En soit, Shadow Ops a pour lui de se montrer parfois assez intense dans ses missions, ça fait boum dans tous les sens y a des gens qui poussent des cris, enfin rien de vraiment inédit, on retrouve les vieilles ficelles. Dans le genre on a déjà vu mieux mais on va dire que dans l'absolu ça reste correct. Ceci dit, certaines choses manquent à l'appel. A titre d'exemple, les explosions proches ne vous assourdissent quasiment jamais, à moins qu'un script en ait décidé autrement, et dans ce cas là, même si vous vous éloignez d'une grenade aveuglante, lui tournez le dos, mettez un mur entre vous et elle, vous serez aveuglé. Oui c'est super crédible.
Le problème c'est qu'en dehors de cette mise en scène juste correcte, le jeu n'a rien pour lui. A commencer par l'IA. Même pour un MoH-like, l'IA de Shadow Ops est misérable et hautement insupportable. Les quelques équipiers qui seront parfois à vos côtés sont de véritables larves d'une inutilité et d'un ridicule qui laisse perplexe. Quant aux ennemis, on tombe dans ce qu'il y a de pire, un oscillement imprévisible entre divers comportements typiques de l'ennemi idiot. On en compte 3. Le premier consiste à foncer vers vous, même sous un feu nourri, sans se mettre à couvert pour venir pour mitrailler à 3 mètres. On appelle ça le kamikaze. Ce qui donne des choses assez amusantes lorsqu'ils font ça avec un équipier, les deux se retrouvent collés l'un à l'autre et se mettent des coups de crosses très mignons. Un peu comme dans MoH : Soleil Levant. La seconde attitude est celle de la moule faisant fièrement face à la mort. Ils ne font rien, vous tirez à côté d'eux, rien, pas de réaction, vous tirez sur eux, là ils s'énervent, mais ne tirent pas encore. Enfin, la dernière attitude est finalement la pire, c'est le syndrome oeil de lynx, on vous canarde de n'importe où, en dépit du plus élémentaire bon sens qui voudrait qu'à 6 kilomètres, le gus ait la vue trouble.
Ce qui nous amène à un autre problème assez gonflant du titre, le fait qu'on s'en prend plein la tronche pour pas un rond. Des ennemis, il y en a pas mal dans le jeu, et il se trouve que la plupart sont souvent difficiles à voir. Très vite, on se rend compte que la progression passe par une série d'essais-erreurs pour localiser les ennemis de certaines zones. Déjà bien gavant en soit, cet aspect l'est d'autant plus quand on sait que le jeu n'intègre pas de checkpoint. Refaire un niveau parce qu'on se fait tirer dessus par un crétin qui peut à peine nous voir, c'est vite usant (et ça rappelle les pires moments de MoH sur PC, le fameux village des snipers mais sans quicksave). On notera d'ailleurs que se faire tirer dessus à travers un coin de mur est tout à fait possible grâce à la calamiteuse gestion des collisions. De mieux en mieux donc.
Et la liste n'est pas terminée. On va maintenant s'en prendre aux armes qui n'ont aucune précision. Et par là je ne veux pas parler d'une visée assistée qui aurait sa place dans un jeu du genre, mais bien du fait qu'on tire n'importe où, n'importe comment. D'ailleurs, on regrette également que les armes n'aient aucune pêche et que les impacts soient si fades, ce qui a une incidence assez néfaste sur le dynamisme et l'immersion de l'action, aussi bien en solo qu'en multijoueur qui en pâtit grandement. Y compris le mode co-op qui sied mal à un jeu aussi linéaire. On se gène plus qu'on s'aide. Mais la palme revient probablement aux grenades dont on a dû calquer l'effet sur une bombe à eau. La portée d'une grenade ne doit pas excéder les 50 cm carrés, en fait, il doit être plus efficace d'essayer d'assommer un adversaire en visant la tête que d'espérer nettoyer une pièce avec l'une de ces caillasses détonantes. Ridicule. On notera toutefois un louable effort concernant les munitions assez rares et qu'il convient donc d'économiser.
Comme si tout cela ne suffisait pas, on doit en sus composer avec une réalisation pas folichonne. Si d'un point de vue esthétique le résultat n'est pas catastrophique, et même parfois assez joli, on ne peut passer sous silence le frame-rate horriblement bas du titre. Ce qui s'avère aussi vilain à voir que déplaisant à jouer. Quant aux cut-scene, elles tournent encore plus bas que le jeu lui-même.
- Graphismes12/20
Les décors s'en sortent plutôt bien, de même que certains effets pyrotechniques. On descend d'un cran avec les modèles 3D pas folichons bien que corrects mais animés assez grossièrement. Le frame-rate est en revanche très, très bas et saccadé.
- Jouabilité9/20
L'IA est complètement à l'ouest, soit trop bête, soit trop perceptive, la visée est lamentable, le frame-rate trop lent gène la prise en main, la progression essai-erreur est d'une autre époque etc. etc.
- Durée de vie13/20
On ne finit pas une mission du premier coup et il faut un certain temps pour boucler le jeu. Mais en a-t-on l'envie et le courage ? Le multijoueur bancal ne sauvera pas les meubles.
- Bande son15/20
Voilà un domaine dans lequel le jeu assure déjà mieux. Les effets sonores sont de qualité, de même que la VF malgré un léger problème d'échantillonnage et de mixage. La bande-son reste le meilleur aspect du titre et le point le plus immersif.
- Scénario/
D'une certaine manière, je pense que Shadow Ops aurait pu faire mieux s'il avait profité de plus de soin. Mais avec son animation ultra saccadée, son I.A complètement folle, parfois insupportable, sa mise en scène somme toute classique, ses armes qui craignent et sa progression pénible, le titre n'a plus grand-chose pour lui à coté des ténors du genre.