Dans le genre "jeu de plates-formes sans âme", Memorick : The Apprentice Knight fait quand même très fort. En nous plongeant dans l'univers du roi Arthur, de Merlin et d'Excalibur, Microids nous ressasse une légende déjà explorée mille fois et on se dit, avant même de lancer le jeu, qu'à défaut de ne pas être original, le jeu a plutôt intérêt à être intéressant et/ou bien réalisé s'il veut nous empêcher de baîller dès la première séquence. Manque de bol, il n'est ni l'un ni l'autre et je dois vous dire tout de suite qu'il m'a fallu lutter pour réaliser ce test. J'ai dû me forcer à avancer, non pas pour m'assurer que le gameplay sonnerait aussi creux qu'au début après plusieurs heures de jeu – ça je l'ai compris dès le commencement – mais simplement pour prendre quelques images des niveaux suivants.

Votre nom est Memorick. Vous êtes un garçon rouquin et à la voix crispante qui s'entraîne dur auprès de Merlin pour devenir un magicien. Pas vraiment doué dans le domaine de la magie, vous êtes déjà plus habile une épée entre les mains. Aussi, lorsque des gobelins s'emparent du bâton de votre mentor, vous partez immédiatement le récupérer avec votre lame en bois. Cette courte mission ne sera que le prélude d'une quête bien plus importante puisque de sombres desseins menacent le pays. Bien évidemment, dans une contrée où tous les chevaliers se réunissent autour d'une table ronde, c'est à l'apprenti de partir en guerre contre les forces du mal. Je ne suis pas contre l'idée, mais cela aurait été bien de trouver une quelconque justification, parce que là, on se demande un peu "pourquoi moi ?" tout au long de la partie.

Avec ses niveaux tout biscornus et sa progression en sauts de grenouille, Memorick intègre facilement la catégorie plates-formes mais peut difficilement être comparé avec les ténors du genre tant il accumule lacune sur lacune. Dès les premiers pas, on se rend compte que quelque chose ne va pas. Et effectivement, il y a bien quelque chose qui cloche, le maniement du personnage. Le pauvre Maverick glisse sur le sol. Il court très rarement droit, et saute comme une puce sans nous laisser le temps de contrôler ses bonds. Si dans n'importe quel jeu, on aurait pu pardonner (difficilement quand même) ces défauts, ça devient tout de suite plus embêtant dans un jeu qui mise tout sur la jouabilité. L'essentiel dans la plate-forme n'est-il pas d'avoir un contrôle parfait sur son avatar ? Ici, c'est une lutte incessante entre le pad et la caméra pour arriver à voir correctement devant soi. Chaque saut nécessite une trop longue préparation (suis-je bien dans l'axe ? A quelle distance se trouve la plate-forme d'arrivée ?) brisant définitivement le rythme du jeu et entraînant dans l'oubli le peu de fun que l'on avait pu accumuler jusque-là. Par moment, des niveaux différents interviennent dans le déroulement de la partie (glissade sur un cours d'eau, sauts d'obstacle à cheval) mais la maniabilité est tout aussi catastrophique donc je ne vais pas m'attarder dessus.

Une autre composante sur laquelle je ne vais pas non plus passer beaucoup de temps : la réalisation qui est... comment dire pour ne blesser personne... Elle est étonnante. Oui, voilà, elle est étonnante. Sachant que le jeu tourne sur Xbox et uniquement sur Xbox (only on Xbox, c'est marqué sur la boîte), la réalisation nous surprend par tant de platitude. Et encore je reste gentil car c'est plutôt moyen-moche que moyen-beau, en fait. Si un travail de design a bien été réalisé (ne serait-ce que sur la barbe de Merlin étrangement attirante), le passage à la 3D a beaucoup de mal à convaincre. Les animations souffrent toutes d'un manque de fluidité, responsable en partie de l'imprécision de tous les sauts. Les quelques combats héritent également d'un certain manque de clarté, parachevant ce triste tableau. Niveau son, on reste dans du très moyen autant pour les voix que pour les musiques et les bruitages. Bref, Memorick n'a pas grand-chose pour lui. On peut l'oublier tranquillement sans craindre de passer à côté d'un titre important.