Beaucoup moins médiatisé que la plupart des grandes séries de jeux de rôle qui ont vu le jour sur les consoles Sony, la saga Wild Arms constitue pourtant le passage obligé du harcore gamer fan de RPG. Avec son univers particulier à tendance westerns, ses personnages charismatiques et ses séquences animées au moins aussi sublimes que ses thèmes sonores, Wild Arms ne pouvait pas manquer le rendez-vous avec la PS2. Voilà donc un troisième opus qui ne manquera pas d'attiser la curiosité des joueurs avertis, surtout que le soft nous arrive dans une version bourrée de petites nouveautés.

Lorsque je dis que Wild Arms 3 s'adresse avant tout aux purs harcore gamers, je tends surtout à souligner le caractère relativement peu accessible de ce titre en comparaison d'un mastodonte tel que FFX, pour ne pas le nommer. Outre des cinématiques somptueuses qui resteront scotchées en boucle sur la rétine des fans de manga, le titre n'affiche pas grand-chose de réellement attractif pour le grand public. Déjà, le soft n'a pas bénéficié d'une localisation très approfondie puisque les textes restent intégralement en anglais, ce qui pourra constituer un réel handicap pour la plupart des joueurs. Ajoutons à cela un démarrage un peu longuet, voire franchement poussif, et l'on conviendra que ce titre aura peut-être du mal à se faire adopter par l'ensemble des joueurs occidentaux.

Pourtant, quiconque posera les yeux sur ce petit bijou d'esthétisme sera irrémédiablement conquis par le design irrésistible du titre. Des graphismes crayonnés mêlés d'une pointe de Cell Shading agrémentent avec poésie cet univers à mi-chemin en le far-west et le manga. Ne manque plus que des personnalités charismatiques que l'on découvre et contrôle successivement durant le prologue du jeu, et nous voilà en présence d'un titre qui ne demande qu'à se laisser apprivoiser pour dévoiler une richesse ludique bien réelle. Réunis malgré eux dans une aventure au souffle épique, nos quatre héros composent un groupe bien atypique en début de jeu, mais apprendront au fil du temps à se connaître et forgeront des liens solides au terme de la quête. C'est d'ailleurs l'une des composantes appréciables du soft que de voir les protagonistes confronter leurs opinions pour instaurer une ambiance qui n'est pas toujours au beau fixe. Difficile dans ces conditions de ne pas adopter ce groupe de héros qui n'en est pas vraiment un, où chacun a ses motivations propres mais qui vont pourtant réussir à souder des liens au fil de la quête.

On se laisse donc progressivement happer par l'atmosphère particulière de Wild Arms 3, et l'on découvre alors toutes les subtilités d'un système de jeu qui n'hésite pas à piocher dans des recettes qui ont fait leur preuve. On pourra ainsi alterner à tout moment entre les quatre personnages pour utiliser leurs aptitudes particulières dans les villages ou les donjons. Un système qui n'est pas sans rappeler celui de Breath of Fire IV où l'on devait là aussi switcher entre ses persos pour résoudre différentes énigmes. Mais Wild Arms 3 trahit également ses inspirations directement issues de Skies of Arcadia, avec des combats au tour par tour qui font intervenir une jauge spéciale permettant de lancer des techniques nécessitant un certain nombre de points de force. Ambiance western oblige, les persos devront aussi laisser parler la poudre, ce qui nécessitera de recharger son arme de temps à autres. Ajoutons à cela un système de magie et d'invocations, et l'on obtient un gameplay très complet qui s'enrichit a fil du jeu.

Même les phases de recherche tentent d'innover avec un système appelé ASK qui permet de soutirer des informations aux NPC afin de localiser les emplacements des donjons. Il suffit alors de se promener sur la map en sondant certains endroits pour faire apparaître des lieux cachés. Si les combats sont parfois évitables grâce à un système d'esquive qui a au moins le mérite d'innover, on pourra également acheter un sifflet pour s'essayer aux longues chevauchées à cheval. A noter que le système de sauvegarde se fait lui-aussi remarquer avec des cristaux limités pour sauvegarder n'importe où, complété par la possibilité de sauvegarder de façon traditionnelle dans les villages. On pourrait aussi parler en long en large du système d'upgrade qui compense l'absence d'équipement, ou encore mettre en avant l'aspect tactique qui se dégage des combats, mais le soleil se couche déjà à l'horizon et je vois qu'on me fait des signaux de fumée pour en finir. Alors, oui, Wild Arms 3 est un très bon titre qui séduira les inconditionnels de RPG, mais qui pourra sans doute rebuter le grand public ne serait-ce que par ses quelques temps morts et son absence de traduction, et ce sera le mot de la fin.