Dans la lignée d'un jeu comme Morrowind ou Arx Fatalis, Mistmare s'inscrit parmi cette catégorie de titres dotés d'une profondeur scénaristique complexe et surtout d'une très grande liberté d'actions offerte au joueur. Pas particulièrement percutant d'un point de vue visuel, surtout en comparaison de ce que l'on a déjà eu l'occasion de voir avec le superbe The Elder's Scrolls 3 : Morrowind notamment, Mistmare attire plutôt par son background atypique et son univers particulier. Faussement proche du nôtre, le monde de Mistmare relève ainsi clairement de l'uchronie, à savoir qu'il s'apparente à un univers parallèle où les choses n'ont pas évolué de la même manière qu'à notre époque. Alors que l'ennui s'avère le pire ennemi de notre monde d'hommes oisifs, le chaos pèse de tout son poids sur le monde de Mistmare, abandonnant derrière lui la guerre et la mort.

C'est dans ce contexte que le joueur se voit propulsé dès le début de la quête, dans la peau d'un brave guerrier dénommé Isador. Premier constat, Mistmare a beau comporter pas mal d'éléments de RPG, il n'en reste pas moins que le personnage principal est imposé dès le début de l'aventure. Le fait est que, quelles que soient ses affinités avec ce héros pas réellement charismatique, on s'identifie forcément beaucoup moins que si l'on avait pu choisir les paramètres physiques et les aptitudes de son personnage. Résultat, il faut bien reconnaître que l'immersion dans le jeu n'est pas vraiment immédiate.

D'autant moins immédiate que l'interface relève quasiment du parcours du combattant lors des premières minutes de jeu. Alors que l'on sait pertinemment que l'on va avoir droit à une avalanche de textes plus ou moins importants pour le déroulement de l'aventure, il s'avère que la boîte de dialogues défile en continue sans laisser au joueur le soin de stopper le défilement pour s'arrêter sur un point précis. De la même façon, l'interface est loin d'être un modèle d'ergonomie, et seule la présence de la map sauve les meubles en planifiant le parcours de son personnage d'un point à un autre de façon automatique. Il faut dire que les déplacements tirés par les cheveux ne facilitent pas la progression dans le monde de Mistmare, même si les contrôles aberrants du début peuvent être en partie redéfinis. La caméra pose même parfois quelques petits problèmes de points de vue, lorsque ce ne sont pas carrément les PNJ qui emploient le même pathfinding que vous et vous traversent allègrement en cas de face à face. On ne peut qu'espérer que toutes ces approximations seront corrigées dans la version finale du jeu, autrement le gameplay de ce titre pourrait constituer un frein réel à son contenu.

Car le soft renferme pourtant un certain nombre de très bonnes idées, à travers le parcours initiatique d'Isador qui verra ses talents évoluer au fur et à mesure de son expérience et de son apprentissage dans les différentes villes qu'il sera amené à visiter. Le début est laborieux, mais des rencontres insolites et des confrontations axées sur l'utilisation de la magie le conduiront à travers toute l'Europe médiévale, de Athènes à Paris en passant par Rome ou encore Stockholm. En plus de ses aptitudes physiques et magiques, Isador pourra même utiliser des sorts spéciaux sur certaines créatures hostiles pour en faire des compagnons dévoués par la suite. Autant de bonnes idées qui révèlent un potentiel intéressant, mais dont on ne pourra juger de l'efficacité qu'une fois la version finale entre les mains. Dans l'état actuel des choses, Mistmare s'annonce comme un titre à surveiller, mais qui doit encore faire ses preuves pour s'élever au niveau d'un hit comme Morrowind sur PC.