Artematica et Microïds adaptent l'univers cyber-punk de Serpieri et nous proposent de sonder les méandres de l'esprit de Druuna dans un titre qui, s'il pouvait sembler prometteur et audacieux, se contente d'une réalisation décevante et d'une héroïne qui poussera les fans à retourner lire la BD en oubliant ce soft.
Nous voici donc dans l'univers torturé de Druuna une superbe jeune femme prisonnière de son esprit et de ses songes. Dans son monde, un terrible virus transforme les êtres humains en d'horribles créatures et seul un sérum permet de retarder les effets du Mal. Le joueur incarne donc son propre rôle, à savoir celui d'une personne découvrant Druuna nue et étendue sur une étrange machine qui permettra d'aller puiser au coeur de ses souvenirs pour tenter de délivrer la jeune femme de sa prison virtuelle. Une fois dans l'univers de notre héroïne c'est toutefois celle-ci qu'il faudra incarner en suivant et dirigeant ses pas en vue à la troisième personne. Levons le suspens immédiatement pour ceux qui connaissent la BD, il ne s'agit pas d'un soft érotique, mais juste d'un jeu d'aventure très particulier qui se contente de reprendre comme clé de voûte la belle Druuna et son monde torturé.
La belle est donc plus habillée qu'à l'accoutumée et ne comptez pas découvrir ici des scènes hard, il n'y en a pas, le tout n'étant que vaguement suggéré. Pourquoi ne pas avoir fait un jeu un peu plus engagé me direz-vous ? Tout simplement parce que là, nous sommes face à un éditeur de jeu grand public et qu'il ne semble pas être question pour lui de voir un de ses titres censuré ou réservé au public adulte, chose très largement concevable. C'est donc une Druuna dont la majeure partie des activités ont été tout simplement gommées du jeu que nous retrouvons. Pas de scènes de coïts violents ou langoureux au milieux de monstres horribles ou d'hommes à l'équipement quasi chevalin. Ici, on évolue de zone en zone en parcourant l'esprit de l'héroïne en quête de différents objets permettant de compléter le puzzle de ses souvenirs. On explore donc ce monde étrange pas à pas en se demandant à chaque fois ce que les prochains mètres vont nous réserver. Car c'est un univers semé d'embûches qu'il faudra traverser, un monde qui d'ailleurs ne facilite pas les choses en raison de son manque de clarté. Le jeu est dur, la progression lente et parfois même rébarbative, voire dissuasive.
Car si le concept peut paraître assez original, bien qu'il s'agisse d'un jeu on ne peut plus classique et auquel on se contente de greffer un univers hors du commun, le gameplay quant à lui est totalement à revoir. L'interface de jeu n'a aucune ergonomie et ce n'est qu'en lisant le manuel que l'on parviendra à s'y retrouver. De même, une fois lancé dans une des zones à visiter, c'est dès les premiers pas que l'on commence à se faire du souci. Les mouvements sont saccadés et imprécis mais surtout, les zones de collisions sont extrêmement mal ajustées et le simple fait d'approcher à trente centimètres d'un mur permet de s'en rendre compte. Passer une porte devient donc un calvaire et les différents angles de caméra ou plans reculés ne facilitent aucunement la lisibilité. On distingue mal les objets au sol et on ne comprend pas pourquoi on tombe aux abords d'un trou ou en essayant naïvement de sauter par dessus. Disons-le tout net, la maniabilité de Druuna est calamiteuse.
Au niveau de la réalisation graphique c'est en revanche bien meilleur même si la qualité reste très inégale. Les cinématiques sont très bien réussies et les environnements très travaillés mais en revanche les animations des personnages manquent de fluidité et accusent une incroyable lenteur. On affiche donc une certaine déception en voyant l'allure de Druuna mais également sa modélisation qui la prive de bon nombre de ses charmes. Les ombres portées sont par ailleurs souvent assez mal foutues donnant un aspect assez peu convaincant à la belle. Au niveau sonore les voix sont en revanche de qualité et les musiques renforcent parfaitement l'ambiance du titre. Les effets sont quant à eux très clairement limités et n'apportent malheureusement que bien peu de sensations. En somme, si le pari d'adapter Druuna en jeu vidéo semblait ambitieux ( sans doute trop...) la réalisation qui s'en suit n'est malheureusement pas à la hauteur de l'oeuvre de Serpieri. La belle outre le fait qu'elle ne soit pas totalement dans son contexte habituel se trouve desservie par un gameplay raté et qui multiplie les handicaps pour finalement nous laisser un soft décevant à de nombreux niveaux.
- Graphismes12/20
Des graphismes soignés pour ce qui est des animations mais des animations de personnages qui malheureusement ne sont pas à la hauteur des environnements dans lesquels ceux-ci évoluent.
- Jouabilité7/20
Une maniabilité exécrable et un gameplay souvent douteux. Le tout manque d'ergonomie et de précision, ce qui ne manquera pas de dégoûter bon nombres de joueurs.
- Durée de vie11/20
Une durée de vie limitée non franchement à cause de la longueur du jeu mais principalement en raison de son gameplay raté et de sa maniabilité particulièrement désagréable. On n'a aucune envie de progresser tellement l'ensemble s'avère rébarbatif.
- Bande son13/20
Un environnement sonore soigné qui dispose de voix bien réalisées et de musiques qui contribuent parfaitement à restituer l'ambiance du jeu. Reste des effets en demi-teinte qui s'avèrent assez peu convaincants.
- Scénario13/20
Un scénario épuré de tout contenu érotique et une aventure qui invitera le joueur à errer aux côtés de Druuna. Une sorte de voyage initiatique dans un univers imaginaire délabré et dangereux où la beauté côtoie l'horreur.
Une adaptation qui n'est pas franchement à l'avantage de Druuna qui se trouve plutôt desservie par ce soft. Si l'idée peut sembler audacieuse, malheureusement la réalisation ne suit pas pour laisser finalement un sentiment d'amère déception.